Inclusion financière dans l’UEMOA : La BCEAO dévoile sa stratégie 2025-2030 pour un accès universel aux services financiers
Par Kevin da SILVA

Le Conseil des ministres de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) a adopté à Dakar un nouveau document-cadre de politique et de stratégie régionale d’inclusion financière pour la période 2025-2030. Porté par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), ce plan ambitieux vise à garantir l’accès à des services financiers adaptés et abordables pour au moins 90 % de la population adulte de l’UEMOA d’ici 2030. Un bond en avant pour une Union où près de 28 % des adultes restent encore exclus du système financier formel.
Élaboré en concertation avec les États membres, les institutions financières, les partenaires techniques et les associations de consommateurs, ce document-cadre mise sur cinq axes prioritaires pour transformer l’écosystème financier régional. Il s’agit de renforcer la protection des consommateurs via un cadre légal modernisé, d’assainir le secteur de la microfinance, pilier historique de l’inclusion, de stimuler l’innovation financière, notamment à travers la FinTech et la monnaie électronique, d’améliorer l’éducation financière des populations vulnérables, et d’exploiter les données pour affiner les politiques publiques. Les publics prioritaires sont les femmes, les jeunes, les PME, les populations rurales, les personnes handicapées et déplacées. Un choix stratégique, alors que ces groupes représentent plus de 60 % des exclus du système financier selon les dernières données de la BCEAO.
La précédente stratégie (2016-2023) a permis de faire passer le taux d’inclusion financière de 47 % à 72,3 %, avec 196,4 millions de nouveaux comptes créés (bancaires, de microfinance ou en monnaie électronique). Des résultats portés par la digitalisation accélérée des services, mais qui masquent des disparités persistantes : seules 35 % des femmes rurales ont aujourd’hui accès à un compte formel. La question de la cybersécurité et de la protection des données des utilisateurs sera également cruciale, alors que les transactions électroniques ont explosé de 400 % depuis 2020.
La BCEAO insiste sur la nécessité d’une mobilisation multisectorielle pour atteindre les objectifs. Les États devront notamment simplifier les procédures d’accès au crédit pour les PME, intégrer les réseaux informels (tontines, etc.) dans l’économie formelle, lancer des campagnes d’éducation financière ciblant les zones reculées.
Si le cap des 90 % est atteint, l’UEMOA pourrait voir son PIB régional croître de 3 à 5 % supplémentaires, selon des projections de la Banque mondiale. Une révolution économique qui passe par l’empouvoirement financier de chaque citoyen.