Session extraordinaire de la CEMAC : Des décisions stratégiques pour renforcer la résilience économique et monétaire
✍Par Jesdias LIKPETE

Yaoundé, la capitale du Cameroun, a accueilli, le 16 décembre 2024, les chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) lors d’une session extraordinaire dédiée à l’évaluation des perspectives économiques, monétaires et financières de la sous-région. Cette rencontre de haut niveau a débouché sur d’importantes décisions ayant pour objectif de consolider la stabilité macroéconomique, monétaire et financière des pays membres.
Objet de nombreuses rumeurs, notamment celle d’une éventuelle dévaluation du FCFA (Afrique centrale), et scrutée de près par de nombreux observateurs avertis, la session extraordinaire des chefs d’État de la CEMAC s’est, en fin de compte, voulue rassurante pour tout le monde. Les dirigeants de l’Afrique centrale ont, à travers des décisions ambitieuses, traduit leur volonté commune de renforcer la résilience économique et financière de la CEMAC.
Des différentes communications, en particulier celles des représentants de la BEAC, du FMI et de la Banque mondiale, « il en ressort que des progrès sensibles ont été enregistrés depuis 2016 dans la mise en œuvre de certaines mesures et réformes structurelles », a souligné le communiqué final de la rencontre.
En dépit de ces avancées enregistrées sur la décennie, des défis persistent. En effet, face à la baisse inquiétante des réserves de change et aux perspectives défavorables des cours des matières premières, les chefs d’État ont réaffirmé leur engagement en faveur d’une gestion budgétaire rigoureuse. Ils ont surtout insisté sur plusieurs mesures telles que la poursuite de la consolidation budgétaire par chaque État membre à travers des discussions bilatérales avec les partenaires techniques et financiers pour maintenir des finances publiques viables ; la diffusion régulière de données économiques et financières fiables pour une surveillance multilatérale efficace et la formulation de politiques monétaires adaptées ; la réduction du déficit public grâce à la rationalisation des dépenses tout en préservant les investissements stratégiques pour le développement économique.
Réglementation des changes et rapatriement des devises
Au cours de la session extraordinaire, les chefs d’État de la CEMAC ont mis un accent particulier sur l’application stricte de la réglementation des changes. À ce titre, ils ont exigé le rapatriement diligent des devises, et, pour cela, les entreprises extractives opérant dans la région doivent signer des conventions de compte séquestre avant le 30 avril 2025 pour garantir la gestion transparente des revenus pétroliers et miniers. Paul Biya et ses pairs ont également appelé au soutien des institutions internationales dans ce processus complexe, notamment le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, ainsi qu’à l’indépendance renforcée des institutions financières sous-régionales telles que la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) et la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC).
Par ailleurs, les dirigeants de l’Afrique centrale ont salué le rôle essentiel des banques dans le financement du développement, tout en rappelant la nécessité d’une gestion prudente des risques souverains. Dans ce cadre, ils ont recommandé la prévention des risques systémiques à travers l’adoption d’approches collaboratives pour éviter les crises bancaires et la diversification des financements en vue d’élargir leurs portefeuilles pour financer des projets économiques durables.
Appel aux partenaires au développement
Pour stimuler la croissance et réduire le déficit d’infrastructures, la CEMAC a sollicité une mobilisation renforcée des ressources financières. Les chefs d’État ont alors demandé la conclusion rapide des accords financiers avec le Cameroun, la République centrafricaine et le Congo ; insisté sur des financements concessionnels pour soutenir des projets d’envergure et encouragé les investissements dans le secteur énergétique. Pour ce dernier point, une conférence sur le financement de l’énergie est prévue en 2025 sous l’égide de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement.