Sénégal : la dette explose à 119 % selon Barclays, les marchés s’effondrent

Les obligations en dollars du Sénégal s’effondrent alors qu’un rapport suscite de nouvelles craintes concernant la dette. Le constat est fait par la banque britannique Barclays, dans un rapport cité par Bloomberg.
Par Bacary DABO
Selon le rapport de la banque britannique Barclays, la dette publique du Sénégal a atteint 119 % du produit intérieur brut l’année dernière, soit bien plus que les 99,7 % prévus pour 2023 par un récent audit des finances publiques du pays.
« Ce dernier chiffre présente de nouveaux risques pour la trajectoire de la dette et complique probablement les discussions en cours avec le Fonds monétaire international », a souligné Michael Kafe, économiste chez Barclays.
Cette situation, selon lui, « fait du Sénégal le pays le plus endetté d’Afrique, et l’un des trois seuls sur le continent à afficher des niveaux d’endettement supérieurs à 100 % du PIB en 2024 », a-t-il ajouté.
En conséquence, a-t-il expliqué, les obligations en dollars du pays se sont effondrées. Les obligations arrivant à échéance en 2033 sont tombées à un niveau record, avec un rendement atteignant 13,67 %. Elles ont perdu jusqu’à 3,81 cents par dollar pour atteindre 64,69 cents. C’est le niveau le plus bas jamais enregistré sur une base de clôture, renseigne la même source.
Selon elle, les obligations s’échangeaient à 65,25 cents à 15h11 à Londres. Les données compilées par Bloomberg montrent que les titres en dollars du Sénégal ont perdu 9,1 % depuis le début de l’année jusqu’à vendredi. « La pire performance des marchés émergents, dépassant même le rendement négatif de 8,6 % de l’Ukraine », un pays en guerre. Ce qui fait des titres en dollars du Sénégal le plus mauvais élève des marchés émergents.
Barclays justifie ainsi la posture du Fonds monétaire international (FMI), qui a suspendu le programme de 1,8 milliard de dollars du Sénégal, demandant des éclaircissements sur le trou budgétaire avant de discuter de nouveaux prêts.
Sur une projection moins optimiste, elle estime qu’il pourrait falloir au Sénégal près d’une décennie pour ramener le fardeau de sa dette en dessous de 100 %.