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Sénégal : 7 ruptures majeures annoncées par le Premier ministre Ousmane Sonko

Sénégal : 7 ruptures majeures annoncées par le Premier ministre Ousmane Sonko

✍️Par MLDIATTA

Premier ministre du Sénégal depuis huit mois, Ousmane Sonko a enfin présenté sa déclaration de politique générale ce vendredi 27 décembre 2024, articulée autour de sept ruptures majeures. Ces ruptures, au cœur de l’action gouvernementale, traduisent une ambition clairement affichée de transformer en profondeur les politiques publiques au Sénégal.

Le programme de Sonko vise à instaurer un Sénégal du renouveau, engagé sur une nouvelle trajectoire, rompant avec les méthodes de gouvernance du passé.

S’appuyant sur la vision Sénégal 2050, nouveau référentiel des politiques publiques, cet agenda national ambitionne de transformer les fondamentaux de l’économie, en tablant sur une croissance minimale de 6,5 % sur les 25 prochaines années. L’objectif est de développer des mécanismes alternatifs de financement pour mettre fin à la tyrannie, liée à la dépendance excessive aux financements extérieurs. À cet effet, le Premier ministre Sonko annonce le recours, prochainement, aux « Patriot Bonds », en lieu et place des « Diaspora Bonds » initialement prévus. En clair, il s’agira d’impliquer tous les Sénégalais intéressés par le développement du pays, en leur permettant de souscrire à des obligations destinées à lever des fonds par l’intermédiaire de ce mode financement peu usité.

Au Sénégal, les fonds transférés par la diaspora, principalement installée en Europe et aux États-Unis, jouent un rôle essentiel dans l’économie. En 2023, ces transferts ont atteint 1 600 milliards de francs CFA (2,4 milliards d’euros), soit environ 10,5 % du PIB, un montant nettement supérieur aux 1,4 milliard d’euros d’aide publique au développement fournie par les institutions internationales et bailleurs de fonds.

Selon Sonko, la première rupture consiste à faire croire au Sénégal en son propre potentiel. « Nous sommes capables de nous développer et nous le ferons par nous-mêmes », a-t-il déclaré, citant en exemple certains pays asiatiques ayant réussi leur transition économique en une ou plusieurs générations.

L’objectif est de s’extirper du complexe du colonisé et d’inculquer aux jeunes générations une « culture de fierté et d’ambition ». Ce changement de paradigme repose aussi sur la confiance accordée aux compétences locales et sur un secteur privé national capable de devenir un « moteur de croissance endogène et compétitif ».

La deuxième rupture s’attaque frontalement à la logique d’urgence et de saupoudrage qui a marqué l’action publique jusque-là. Les dirigeants du Sénégal ont pris l’habitude de miroiter des miracles d’ici la prochaine élection, a-t-il déploré, évoquant une kyrielle de projets d’urgence qui ne répondent pas aux aspirations profondes des citoyens. En rupture avec cette culture, le gouvernement Sonko s’engage à adopter une planification à long terme, sur une vision de 25 ans, afin de « poser les jalons d’un avenir solide » pour les générations futures.

La troisième rupture est liée au passage d’une logique de dépense à une logique de résultats visant une plus grande efficacité et surtout une meilleure efficience dans l’utilisation des ressources publiques.

Quatrième rupture : Une gestion participative et citoyenne, car, selon le Premier ministre, l’ambition pour le Sénégal ne saurait être mise en œuvre sans une adhésion populaire forte et durable.

Dans la même veine, la cinquième rupture promeut une décentralisation poussée dans le cadre d’une gestion de proximité, visant la prise en compte des réalités locales pour une gestion plus proche des territoires. Il s’agit, pour le Premier ministre, de donner plus de pouvoir économique et de marge de manœuvre aux collectivités territoriales.

La sixième rupture annonce une gouvernance fondée sur l’équité et la transparence, où la reddition des comptes est une exigence fondamentale.

« Last but not least », la septième rupture prône la modernisation de l’administration publique, qui doit devenir « le fer de lance de la conduite du changement ». Par ces mesures fortes, l’État du Sénégal affirme sa volonté de refonder de manière radicale les mécanismes institutionnels, économiques et sociaux, visant à répondre aux attentes des Sénégalais. Cela est d’autant plus important que, dans le pays, tout reste prioritaire, surtout que Sonko n’a de cesse de dire que le nouveau régime a trouvé sur place une forte dégradation des finances publiques.

Quelques acquis du Gouvernement SONKO :

  • L’audit des finances publiques.
  • L’exigence de reddition des comptes.
  • L’audit des ressources humaines.
  • Gestion : Occupation du Domaine public maritime (DPM), lotissements de zones foncières, Mbour 4, patrimoine foncier et bâti de l’État.
  • Un projet de loi rapportant la loi d’amnistie votée le 6 mars 2024.
  • Non-renouvellement, à l’expiration de son délai le 17 novembre 2024, des accords de pêche qui liaient le Sénégal à l’Union Européenne.
  • Souveraineté monétaire de l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA) : mise en œuvre de la réforme du Franc CFA.
  • Souveraineté en matière de défense : le Président de la République a annoncé la fermeture prochaine des bases militaires françaises au Sénégal.
  • Politique étrangère du Sénégal : retour à l’orthodoxie dans la représentation diplomatique sénégalaise à l’étranger, avec l’accréditation de diplomates de carrière.
  • Vie chère : mesures de réduction des prix des denrées de première nécessité. Concernant le coût du carburant et de l’électricité, des mesures utiles ont été prises pour rétablir l’orthodoxie dans la passation des marchés d’approvisionnement en hydrocarbures et la diversification de leurs sources.
  • Cadre de vie des Sénégalais : gestion des inondations et des crues ; fonctionnement régulier du ramassage des ordures par l’apurement des arriérés de paiement dus par la SONAGED aux concessionnaires ; organisation mensuelle d’une journée SETAL SUNU REEW ; Programme Décennal de Gestion des Inondations (PDGI) et Programme d’Assainissement des Dix Villes, qui ont englouti respectivement 285 milliards de FCFA et 77 milliards de FCFA sans résultats tangibles.
  • Équité sociale : paiement des bourses de sécurité familiale avec l’apurement des arriérés prévu au cours du premier trimestre 2025 ; appuis financiers et en nature, notamment à la suite des inondations, des crues des fleuves Sénégal et Gambie, et des accidents routiers.
  • Capital humain : deux conseils interministériels ont été consacrés à la préparation des examens et concours ainsi qu’à la rentrée scolaire 2024/2025.
  • Éducation : résorption du déficit d’enseignants, élimination progressive des abris provisoires, prise en charge de la problématique du défaut de pièces d’état civil des élèves, paiement des primes et indemnités d’examens.
  • Enseignement supérieur : mise en place imminente d’un comité de pilotage chargé de proposer au Président de la République des mesures pour la transformation systémique du secteur.
  • Jeunesse et promotion de la citoyenneté : organisation des vacances agricoles, repositionnement du service civique et du volontariat au niveau de la Primature, systématisation du concept Armée-Nation dans tous les domaines d’activités.
  • Sport : organisation des Jeux Olympiques de la Jeunesse Dakar 2026.
  • Santé : continuité du service et amélioration de la qualité de l’accueil dans les services hospitaliers ; révision du programme de construction d’hôpitaux.
  • Eau potable : résolution des insuffisances dans la gestion de l’hydraulique rurale et urbaine.
  • Environnement : suspension, jusqu’au 30 juin 2027, des activités minières autour de la rive gauche du fleuve de la Falémé, sur un rayon de cinq cents mètres.
  • Infrastructures physiques : état des lieux des programmes et projets de construction d’infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires.
  • Agriculture : apurement des arriérés de paiement sur les engagements de l’État au titre des trois précédentes campagnes agricoles (73 milliards de FCFA) ; restructuration (Dakar Dem Dikk, Air Sénégal, La Poste, SAPCO, etc.) ; subvention des intrants agricoles à hauteur de 120 milliards de FCFA ; relèvement du prix plancher d’achat des arachides à 305 FCFA le kilogramme (contre 280 FCFA auparavant).