Niger : Le budget 2025 revu à la baisse pour préserver l’équilibre économique

Face à un contexte économique, sécuritaire et social tendu, le gouvernement nigérien a décidé de réduire de plus de 280 milliards FCFA son budget initial. Une mesure qui s’inscrit dans les exigences du programme en cours avec le FMI.
Par Kevin da SILVA
Le président nigérien, le général Abdourahamane Tiani, a signé ce 14 juillet une ordonnance révisant à la baisse la loi de finances 2025. Le budget passe ainsi de 3 033,33 milliards FCFA à 2 749,55 milliards FCFA, soit une réduction de 283,77 milliards FCFA — équivalant à une contraction de 9,36 %.
Officiellement, cette décision vise à « réajuster les équilibres macroéconomiques » dans un contexte marqué par une pression accrue sur les finances publiques. Cette révision s’inscrit dans le cadre du programme en cours avec le Fonds monétaire international. Les sixième et septième revues de la Facilité élargie de crédit (FEC) et de la Facilité pour la résilience et le développement (FRD) viennent d’être conclues, permettant au Niger de bénéficier d’un nouveau décaissement de 92 millions de dollars.
Au total, 346 millions de dollars ont déjà été débloqués depuis le lancement du programme. Au-delà des considérations macroéconomiques, cette révision budgétaire traduit surtout une adaptation aux nombreuses pressions internes et externes. Le Niger est confronté à une détérioration de la sécurité dans ses zones frontalières, à des aléas climatiques persistants et à une insécurité alimentaire croissante.
S’ajoutent à cela des dépenses imprévues liées à la formation du nouveau gouvernement en avril et à l’installation du Conseil consultatif de la refondation, deux piliers du processus de transition.
Selon le Secrétariat général du gouvernement, cette réduction du budget vise aussi à adapter la dépense publique à la baisse des ressources extérieures, tout en maintenant le cap de l’assainissement budgétaire exigé par les partenaires techniques et financiers.
Maintenir la confiance des bailleurs
À moyen terme, le gouvernement entend renforcer la mobilisation des ressources internes, améliorer la gestion des revenus pétroliers et garantir une meilleure qualité de la dépense publique. L’objectif est double : assurer la soutenabilité de la dette et accroître la résilience face aux chocs économiques, climatiques et géopolitiques.
Cette rigueur budgétaire s’inscrit dans une stratégie de consolidation de la confiance des bailleurs internationaux, dont le soutien reste crucial pour la stabilité économique du pays. Si la transition menée par les autorités actuelles semble consolidée, elle demeure étroitement surveillée par la communauté internationale, notamment sur les questions de gouvernance et de transparence.
Même si le gouvernement présente cette révision comme une mesure de prudence, elle n’est pas sans conséquences. Des projets d’investissement et certains programmes sociaux pourraient subir des retards ou des coupes, au moment même où les besoins de la population, notamment sur le plan humanitaire, restent criants.
Le pari du Niger est clair : rassurer ses partenaires internationaux tout en maintenant une capacité de réaction face aux urgences sociales. Un exercice d’équilibre délicat dans un environnement instable, où la moindre incertitude budgétaire peut fragiliser les avancées politiques et économiques en cours.