Cyber Africa Forum 2025 : Face aux cybermenaces, l’Afrique parie sur la résilience

Face à l’explosion des usages numériques, avec pour conséquence la multiplication des cybermenaces, l’Afrique n’a plus le choix : elle doit faire de la résilience numérique un réflexe collectif. Cette conviction, que partagent Marc-André Loko et Ouanilo Medegan Fagla, respectivement directeur général de l’Agence des Systèmes d’Information et du Numérique (ASIN) et directeur général du Centre National d’Investigation Numérique (CNIN) du Bénin, a été au cœur de la 5ᵉ édition du Cyber Africa Forum, tenue à Cotonou les 24 et 25 juin 2025.
Par Kevin da SILVA
Placée sous le thème « Résilience numérique et transformation numérique de l’Afrique », l’édition 2025 du Cyber Africa Forum (CAF) a rassemblé des décideurs publics, des experts en cybersécurité, des acteurs du numérique et des représentants de la société civile. L’objectif de cette rencontre de Cotonou est de réfléchir aux meilleures approches pour une résilience de l’Afrique face aux risques liés à la cybersécurité. À terme, il s’agit de bâtir un écosystème numérique africain à la fois performant, inclusif et sécurisé.
Pour Marc-André Loko, directeur général de l’Agence des Systèmes d’Information et du Numérique (ASIN) du Bénin, la notion de résilience ne doit plus être un slogan vidé de son sens. « Dans notre secteur, nous sommes constamment soumis à des menaces, à des attaques cybernétiques. Nous devons anticiper, former, organiser nos équipes. C’est une question de survie pour notre souveraineté numérique », a-t-il expliqué.
À sa suite, Ouanilo Medegan Fagla, directeur général du Centre National d’Investigation Numérique (CNIN), insiste sur le caractère politique de la résilience. Selon lui, « il ne suffit pas de lancer des projets digitaux pour suivre la tendance. Il faut les inscrire dans une vision durable, avec une gouvernance claire, des financements solides et des compétences locales bien formées. »
Pour ces experts, la transformation numérique ne peut réussir que si la résilience devient une composante intégrée des politiques publiques, de la conception jusqu’à la mise en œuvre.
Un enjeu de souveraineté… et de protection
Le Bénin, pays hôte de l’édition 2025 du CAF, illustre bien les défis à relever. Marc-André Loko estime, en effet, que le pays a observé une hausse significative des cyberattaques ces dernières années, dans un contexte régional instable. « Nous nous organisons avec des équipes jeunes et ambitieuses, des procédures adaptées et du personnel formé pour faire face à ces menaces. La résilience, c’est notre capacité à encaisser le choc, à continuer d’opérer, et à rebondir plus fort », indique-t-il.
Mais la protection ne se limite pas aux systèmes étatiques. Pour Ouanilo Medegan Fagla, il est essentiel d’impliquer la population, en particulier les utilisateurs vulnérables tels que les jeunes, les commerçants, le personnel de santé, etc. « Le maillon faible reste souvent l’humain. Il faut sensibiliser sans effrayer, éduquer aux bonnes pratiques. À la CNIN, nous avons mis en place un document d’hygiène numérique pour aider les citoyens à mieux se protéger », déclare le directeur général de la CNIN.
Blinder les États africains au numérique
Au-delà de la cybersécurité, le forum a également appelé à mettre le numérique au cœur de toutes les actions de développement, qu’il s’agisse d’éducation, de santé, d’entrepreneuriat ou de gouvernance. La transformation digitale ne doit pas être l’affaire de quelques initiés, mais une dynamique collective, portée par les gouvernements, les entreprises et les citoyens. « Il faut mutualiser les moyens, conjuguer les efforts. Mettre les jeunes, les femmes commerçantes, les centres de santé au centre de la digitalisation. Le succès du Bénin dans ce domaine participe au rayonnement de toute l’Afrique », a rappelé Olusheguun Adjadi Bakary, ministre des Affaires étrangères béninois, lors d’un échange à l’ouverture du Forum.

En accueillant cette édition du CAF, le Bénin confirme sa position montante dans l’écosystème numérique africain. L’événement a été salué pour son professionnalisme et la richesse de ses échanges, posant les jalons d’une Afrique plus résiliente, plus connectée et plus souveraine. La rencontre de Cotonou a, en effet, rappelé que la résilience numérique n’est pas une option pour l’Afrique, elle est une nécessité stratégique. Pour transformer durablement le continent, il faudra allier volonté politique, expertise technique et implication citoyenne. Le Cyber Africa Forum 2025 à Cotonou en a jeté les bases : il reste maintenant à concrétiser les engagements.