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Le Ghana bannit les contrats publics en devises pour défendre le cedi

Cedi, la monnaie ghanéenne

Face à la dépréciation persistante de sa monnaie et aux pressions inflationnistes, le gouvernement ghanéen interdit désormais toute contractualisation publique en monnaies étrangères. Une décision forte, annoncée le 24 juillet, qui vise à renforcer le cedi et lutter contre la dollarisation de l’économie.

Par Kevin da SILVA

Le ministre ghanéen des Finances, Dr Cassiel Ato Forson, a annoncé l’interdiction immédiate de la tarification des contrats publics en devises étrangères. Dévoilée lors de la présentation du budget de mi-exercice 2025 devant le Parlement, cette mesure a pour objectif de restaurer la confiance dans le cedi, la monnaie nationale, et de limiter les effets de l’inflation. « La tarification en monnaies étrangères nuit à notre gestion budgétaire, affaiblit le cedi et met en péril notre souveraineté monétaire », a déclaré Dr Forson. La directive s’applique à tous les contrats publics, y compris ceux financés par des prêts extérieurs, et prend effet depuis le 24 juillet sur instruction du président John Dramani Mahama.

Cette décision s’inscrit dans le cadre de la loi sur les changes de 2006, qui interdit déjà les paiements en devises sans autorisation de la Banque du Ghana. Le gouvernement appelle désormais à une stricte application de cette législation par l’ensemble des ministères, des agences publiques et des partenaires au développement. Les analystes saluent une orientation cohérente avec les objectifs de stabilité macroéconomique. Toutefois, la mise en œuvre pourrait se heurter à des réalités complexes, notamment dans des secteurs comme l’énergie, les infrastructures ou les importations stratégiques, où les devises étrangères sont omniprésentes.

Pour accompagner cette transition, le gouvernement envisage plusieurs mécanismes : des audits renforcés par la Banque du Ghana, des directives spécifiques pour les entreprises étrangères, une collaboration avec l’administration fiscale et des concertations avec les partenaires économiques. Avec cette interdiction, le Ghana espère freiner la dollarisation rampante, préserver ses réserves de change et regagner une marge de manœuvre dans la conduite de sa politique monétaire. Cette mesure vise à réaffirmer le cedi comme pilier de la souveraineté économique du pays.