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UEMOA : Les réserves de change bondissent de 42 % en 2024

Kevin da SILVA

En 2024, les réserves de change de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ont enregistré une progression spectaculaire de 42 % en 2024, atteignant 13 514 milliards de FCFA (20,6 milliards d’euros).

Cette hausse, portée par le redressement de la balance des biens et services et la flambée des cours de l’or, renforce la crédibilité du franc CFA et relance le débat sur un éventuel assouplissement de la politique monétaire dans l’espace UEMOA. En effet, elle s’explique par trois moteurs principaux : une nette amélioration des dépôts en devises, la valorisation des stocks d’or et une position consolidée en droits de tirage spéciaux (DTS) auprès du FMI. À fin décembre 2024, le coussin de sécurité de la BCEAO atteignait 20,6 milliards d’euros, contre 14,5 milliards un an plus tôt. Les avoirs en devises (euros et dollars) ont bondi de 48 %, passant de 5 761 à 8 540 milliards de FCFA.

Une dynamique qui repose sur des placements à court terme (6,8 milliards d’euros), notamment via la Banque des règlements internationaux (BRI) et le programme RAMP de la Banque mondiale. Les investissements en dollars représentent 4 454 milliards de FCFA, tandis que les obligations souveraines en euros s’élèvent à 3 543 milliards.

Malgré un stock stable (1,52 million d’onces), la valorisation de l’or a grimpé de 38 % à 3,9 milliards d’euros, tirée par un cours international en hausse (1,67 million de FCFA l’once fin 2024). Par ailleurs, les DTS ont progressé à 3,4 milliards d’euros, grâce à un taux de conversion favorable et à la reconstitution partielle des réserves post-Covid. Autre signe positif : la balance des paiements courants de l’UEMOA affiche un excédent de 4,6 milliards d’euros en 2024, contre un déficit de 5,3 milliards en 2023. Les exportations de cacao, d’huiles végétales et de caoutchouc, dont les prix ont grimpé, ont largement contribué à ce redressement.

Un résultat net en forte progression

Le résultat net de la BCEAO a doublé, atteignant 1,05 milliard d’euros, soutenu par une gestion optimisée des liquidités. Cette performance consolide les fonds propres de l’institution, renforçant sa capacité à absorber d’éventuels chocs économiques.

Si cette manne offre une marge de manœuvre accrue, la BCEAO reste prudente. « Une partie de cette hausse dépend de facteurs externes volatils, comme les cours de l’or ou les taux mondiaux », souligne un analyste financier. En cas de baisse des prix des matières premières ou d’une reprise des importations, les réserves pourraient fondre dès 2025.

Sur les marchés, les attentes se multiplient pour une détente des conditions financières. « La BCEAO devrait utiliser ces réserves pour soutenir l’économie régionale, pas seulement contrôler l’inflation », plaide Dally Gotta, CIO chez SOAGA. Avec un taux d’inflation maîtrisé (autour de 2 %), la balle est dans le camp de la banque centrale.

La consolidation des réserves renforce la parité fixe du franc CFA face à l’euro, rassurant ainsi les investisseurs. Mais elle pose aussi la question de l’arbitrage entre stabilité monétaire et soutien à la croissance, dans une région où plusieurs États peinent à équilibrer leurs finances publiques.