Titrisation synthétique : Des investissements pour le développement durable en Afrique
✍️ Par Kevin da SILVA

Le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), la Banque de développement de l’Afrique australe (DBSA, en anglais) et plusieurs investisseurs institutionnels majeurs, dont Academy Securities, Africa50 et Newmarket, ont signé une lettre d’intention pour mettre en place une opération de titrisation synthétique d’origination multiple. Cette initiative a été marquée par la cérémonie de signature lors des Journées transactionnelles (Market Days) 2024 de l’Africa Investment Forum, qui se sont tenues du 4 au 6 décembre à Rabat, au Maroc. Cette initiative incarne une étape clé dans la réalisation de la Stratégie décennale 2024-2033 de la Banque africaine de développement. Elle met l’accent sur la mobilisation des capitaux privés et le dérisquage afin de surmonter les obstacles à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) du continent.
Bientôt, une initiative qui va révolutionner le secteur financier en Afrique. Il s’agit de la mise en place d’une opération de titrisation synthétique d’origination multiple. Cette nouvelle plateforme repose sur un modèle renouvelable et rotatif. Celle-ci est conçue pour atténuer les risques des institutions de financement du développement opérant en Afrique. Elle s’appuie sur le succès de la première opération de titrisation d’un milliard de dollars réalisée en 2018 dans le cadre du programme Room to Run de la Banque africaine de développement. La plateforme a pour objectif de constituer un portefeuille combiné d’actifs diversifiés, estimé à entre 1,5 et 2 milliards de dollars. Elle prend en compte des prêts et des garanties alignés sur les priorités stratégiques de la BAD et de la DBSA, notamment dans les domaines du financement climatique, des infrastructures et de l’intermédiation financière. Le portefeuille sera structuré de manière à attirer une large gamme d’investisseurs privés, grâce à sa diversité en termes de secteurs, de zones géographiques et de profils de risque. Le mécanisme de titrisation vise à transférer le risque de crédit de la tranche mezzanine aux investisseurs privés, tout en maintenant le risque de la tranche senior au sein des initiateurs. Cela permettra à la BAD et à la DBSA de libérer des capacités de prêt supplémentaires pour des projets de développement à fort impact, tout en offrant un allègement du capital réglementaire sur une base renouvelable.
Une collaboration stratégique pour débloquer des flux et capitaux
Le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a salué cette initiative. Il a souligné son caractère innovant et son potentiel à débloquer des flux de capitaux pour combler le déficit de financement du développement en Afrique. Il a également mis en avant l’importance de la collaboration entre les banques multilatérales de développement et les investisseurs du secteur privé pour catalyser les investissements nécessaires. Pour Boitumelo Mosako, directrice générale de la DBSA, cette approche collaborative est essentielle pour accroître les financements disponibles et soutenir la croissance économique de l’Afrique. Elle souligne la nécessité d’un travail concerté entre les institutions multilatérales, les gestionnaires d’actifs et les investisseurs institutionnels pour relever les défis financiers du continent.
Molly Whitehouse, cofondatrice et directrice générale de Newmarket, a exprimé son enthousiasme pour cette nouvelle phase de collaboration, soulignant l’opportunité d’élargir les succès de la transaction Room to Run et de renforcer les partenariats avec la Banque africaine de développement et la DBSA.
Place aux opportunités pour les investisseurs privés
Dan Schaeffer, directeur exécutif des marchés de capitaux ABS chez Academy Securities, a martelé l’importance de promouvoir les prêts durables et responsables (ESG) en Afrique. Il voit dans cette signature une illustration parfaite de l’engagement de la communauté des gestionnaires d’actifs à soutenir des projets de développement à fort impact grâce à des partenariats avec des institutions comme la BAD et la DBSA. Alain Ebobissé, directeur général d’Africa50, a également exprimé sa fierté de participer à cette initiative, qu’il considère comme une opportunité stratégique pour libérer des capitaux essentiels au financement des infrastructures en Afrique. Il est convaincu que cette initiative pourra jouer un rôle crucial dans la réalisation d’une croissance durable sur le continent.
L’Africa Investment Forum, une plateforme multipartite et multidisciplinaire, continue de jouer un rôle central en soutenant l’accessibilité au financement pour les projets de développement en Afrique. Elle s’engage à accélérer la transformation des projets en bancabilité, lever des capitaux et garantir la clôture des transactions financières. Avec sa vision de canaliser des investissements dans des secteurs clés pour atteindre les ODD, les High 5 de la Banque africaine de développement et l’Agenda 2063 de l’Union africaine, l’Africa Investment Forum demeure un acteur incontournable dans l’écosystème financier africain.