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Tanzanie–Japon : un partenariat économique pour booster l’emploi des jeunes

Dar es Salaam, ancienne capitale de la Tanzanie

Face à un chômage persistant malgré une croissance soutenue, la Tanzanie explore des solutions inédites. Un accord avec le Japon ouvre la voie à un programme de formation et d’emplois à l’international, symbole d’une coopération économique stratégique.

Par Kevin da SILVA

La Tanzanie fait partie des quatre pays africains retenus pour bénéficier du programme japonais « Hometown », présenté lors de la neuvième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD9). Ce dispositif, annoncé par le journal The Citizen le 28 août, vise à former des jeunes Tanzaniens et à leur offrir des opportunités d’emploi dans la ville de Nagai, au nord du Japon. L’objectif est double. Il s’agit de renforcer les compétences techniques et professionnelles des jeunes Africains tout en apportant une réponse au déficit de main-d’œuvre qualifiée au Japon, dont l’économie subit les effets d’un vieillissement démographique rapide.

Le programme propose des formations pratiques dans des domaines porteurs : santé, mécanique, agriculture et technologies de l’information. Ces secteurs sont considérés comme stratégiques pour la croissance économique de la Tanzanie et pour l’innovation au Japon. Les bénéficiaires pourront ainsi acquérir des compétences avancées, augmentant leurs chances d’accéder à des emplois qualifiés à l’étranger, alors que le taux de chômage des jeunes était estimé à 3,35 % au quatrième trimestre 2024, selon la Banque mondiale.

Selon le rapport Africa Pulse 2023 de la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne ne crée que 3 millions d’emplois formels pour plus de 10 millions de jeunes qui intègrent chaque année la population active. Pour la Tanzanie, « Hometown » constitue donc un levier économique et social majeur, offrant à sa jeunesse une exposition à des environnements technologiques avancés. En retour, le Japon, confronté à un marché du travail en tension, y voit une opportunité de renforcer sa compétitivité industrielle et agricole.

Des exemples inspirants et des défis à relever

Pour maximiser l’impact, la Tanzanie devra s’inspirer d’expériences réussies. Au Ghana, par exemple, le « Ghanaian-German Centre for Jobs, Migration and Reintegration » a montré que l’accompagnement au retour des jeunes formés à l’étranger est crucial pour leur réinsertion. De même, au Rwanda, le programme « ABE » avec la ville de Kobe a permis de former plus de 1 000 ingénieurs TIC, donnant naissance à des projets innovants comme l’incubateur k-Lab à Kigali.

Le défi pour la Tanzanie sera de garantir la reconnaissance des compétences acquises au Japon et de créer des passerelles concrètes avec son marché intérieur. Des projets conjoints dans l’agro-industrie, la logistique ou les énergies renouvelables pourraient être des catalyseurs pour transformer cette coopération en moteur durable de croissance économique.