Soudan : La BAD débloque 62 millions de dollars pour relancer les services sociaux de base
Face à une crise humanitaire sans précédent provoquée par près de deux ans de guerre civile, la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé un don d’urgence de 62,13 millions de dollars pour restaurer les infrastructures sociales essentielles dans quatre États soudanais.
Par Kevin da SILVA
Le Soudan, plongé dans un conflit civil depuis 2023, traverse l’une des crises humanitaires les plus graves de son histoire contemporaine. Des millions de citoyens sont privés de services vitaux, et les infrastructures du pays sont en grande partie réduites à néant. C’est dans ce contexte de détresse généralisée que la Banque africaine de développement a décidé d’apporter une réponse rapide et concrète en validant un appui financier conséquent.
Le montant de 62,13 millions de dollars, récemment approuvé par la BAD, vise à soutenir la réhabilitation des services sociaux de base dans les régions les plus touchées. Ce don se compose de 44,57 millions de dollars issus de la Facilité d’appui à la transition, et de 17,56 millions de dollars provenant du Fonds africain de développement. Il s’agit d’un financement orienté vers l’urgence humanitaire, mais aussi pensé dans une perspective de reconstruction durable.
Depuis le déclenchement du conflit, aucune ville soudanaise n’a été épargnée par les violences. La guerre a détruit écoles, hôpitaux, centres de santé et réseaux d’approvisionnement en eau, précipitant plus de 30 millions de personnes dans des besoins essentiels, tandis que 11,5 millions de déplacés internes luttent pour survivre. Dans ce contexte, la BAD entend, à travers ce soutien, apporter un début de soulagement et jeter les bases d’une reprise sociale progressive.
Le projet financé, intitulé SISSIRP (Projet de réhabilitation intégrée des infrastructures du secteur social), s’étalera sur une durée de deux ans. Il concernera les États d’Al Jazira, du Nil, du Sennar et du Nil Blanc. Dans ces zones, il s’agira de restaurer l’accès à l’éducation, à la santé, à l’eau potable et à l’assainissement. L’objectif est de reconstruire ce qui a été détruit, mais aussi d’assurer une continuité durable des services en impliquant les communautés locales.
Le projet repose ainsi sur une approche inclusive visant à responsabiliser les populations bénéficiaires dans la gestion des infrastructures réhabilitées. L’engagement communautaire est considéré comme un levier clé pour assurer la pérennité des services. Par ailleurs, des mécanismes de gouvernance et de suivi seront intégrés pour garantir un accès équitable et transparent à l’ensemble des prestations offertes.
Ce soutien s’inscrit dans une stratégie de long terme de la Banque africaine de développement. La feuille de route 2024-2033 de l’institution repose sur des axes majeurs tels que l’augmentation de la résilience des pays en situation de fragilité, l’amélioration de l’accès aux services essentiels et la valorisation du capital humain, notamment par l’implication des jeunes dans les dynamiques communautaires.
En allouant cette enveloppe financière au Soudan, la BAD montre sa volonté d’agir au-delà des déclarations de principe. Dans un pays où la guerre a détruit les fondations du vivre-ensemble, cette initiative représente un geste fort, porteur d’espoir. La reconstruction d’écoles, de centres de soins et de systèmes d’eau n’est pas seulement une réponse à une urgence : c’est aussi une manière de rétablir la dignité humaine.
Alors que le conflit continue de faire rage et que les perspectives de paix restent incertaines, ce don d’urgence vient rappeler que la solidarité africaine peut prendre forme à travers des actions concrètes, coordonnées et ciblées. Pour le Soudan, cette aide marque une étape décisive sur le chemin difficile, mais nécessaire, de la résilience.
