Sénégal : Une loi de finances 2025 sous le signe de l’austérité maîtrisée
✍Par Kevin da-SILVA

Le gouvernement sénégalais a envoyé à l’Assemblée nationale sa Loi de finances initiale (LFI) 2025. Celle-ci est marquée par des arbitrages budgétaires serrés et une orientation vers la consolidation fiscale. Avec un budget global en baisse de 5,55 % par rapport à 2024, l’objectif est clair : rationaliser les dépenses tout en stimulant les recettes fiscales pour maintenir le cap sur la stabilité économique.
Le projet de budget global pour 2025 au Sénégal envoyé sur la table des parlementaires pour vote s’établit à 6 614 milliards FCFA, en baisse de 389 milliards FCFA par rapport à 2024. Cette diminution, qui représente une contraction de -5,55 %, traduit la volonté du gouvernement de recentrer les priorités budgétaires face aux défis économiques.
En dépit de ce repli budgétaire, les recettes fiscales attendues pour 2025 progressent de 4,31 %, pour atteindre 4 359 milliards FCFA contre 4 180 milliards FCFA en 2024. Cette hausse d’environ 180 milliards FCFA témoigne des efforts accrus de mobilisation des ressources internes, un levier clé pour réduire le déficit budgétaire.
Les acquisitions de biens et services sont également revues à la baisse, avec un montant de 415 milliards FCFA contre 428 milliards FCFA en 2024. Cette réduction de 13 milliards FCFA (-3,04 %) reflète la volonté d’optimiser les dépenses publiques.
Les ajustements budgétaires des institutions traduisent des priorités spécifiques. Au niveau de la Présidence de la République, le budget est pratiquement stable à 78,61 milliards FCFA, avec une variation marginale de -1,5 million FCFA (-0,002 %). Au parlement, l’Assemblée nationale il faut signifier une hausse significative de 11,5 %, portant le budget à 22,47 milliards FCFA (+2,32 milliards FCFA). A la primature c’est une légère réduction constatée de -2,8 %, avec un budget fixé à 25,01 milliards FCFA (-716,5 millions FCFA). Le déficit budgétaire s’élève à 7 % du PIB en 2025, mais le gouvernement ambitionne de le ramener à 3 % d’ici 2027, conformément aux engagements internationaux. Cette trajectoire de réduction est non négligeable pour contenir l’endettement et améliorer la crédibilité économique du pays.
Le Sénégal vise une croissance économique de 8,8 % en 2025, portée par des réformes structurelles et une reprise attendue dans plusieurs secteurs clés, notamment l’agriculture, l’industrie et les services. Lors du Conseil des ministres du 11 décembre, le chef du gouvernement, Ousmane Sonko, a souligné que l’élaboration de cette loi de finances repose sur deux principes directeurs majeurs : Rationalisation des dépenses d’investissement et courantes, en recentrant les efforts sur les projets prioritaires. Aussi, le renforcement de la mobilisation des recettes fiscales, pour assurer un financement pérenne des politiques publiques.
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Tout en réduisant le poids des dépenses, le gouvernement s’efforce de maximiser les ressources disponibles et de garantir une croissance durable. A la question de savoir si ces orientations permettront d’atteindre les objectifs fixés, notamment en matière de réduction du déficit budgétaire et de croissance économique, l’interrogation demeure.