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Mozambique : La mine de graphite de Balama redémarre

Par Kevin da SILVA

Mozambique : La mine de graphite de Balama redémarre

La mine de Balama, la plus grande exploitation de graphite d’Afrique, va reprendre ses activités après neuf mois d’arrêt forcé. Propriété du groupe australien Syrah Resources, le site était paralysé depuis juillet 2024 par un double blocage : l’effondrement des cours du graphite et un conflit avec les communautés locales, finalement résolu ce lundi 5 mai. Mais la reprise s’annonce fragile, dans un secteur minier toujours secoué par la surproduction chinoise et une guerre des prix.

Syrah avait d’abord réduit sa production en réponse à la chute des prix, avant de faire face, à partir de décembre 2024, au blocage du site par des populations locales. Résultat : aucune tonne extraite entre juillet 2024 et mars 2025, forçant la société à annuler sa campagne de fin d’année. Les stocks se sont épuisés, limitant les livraisons à une tonne au premier trimestre 2025 et contraignant Syrah à reporter plusieurs contrats hors de Chine.

Située dans la province de Cabo Delgado, au nord du Mozambique, Balama représente l’une des rares alternatives au graphite chinois, essentiel à la fabrication des anodes de batteries lithium-ion. Syrah alimente notamment son usine de Vidalia (États-Unis), fournisseur de Tesla, pour répondre à la demande nord-américaine.

Pourtant, le contexte reste tendu. Les prix du graphite naturel, déjà en déclin depuis 2023, subissent la concurrence féroce de la Chine, qui contrôle 70 % de la production mondiale, notamment via le graphite synthétique. « Les marges des fournisseurs intermédiaires sont devenues négatives », explique Syrah dans son communiqué, précisant que de nombreux acteurs ont mis la clé sous la porte. Même la croissance des ventes de véhicules électriques (+36 % début 2025) n’a pas suffi à faire repartir les prix.

Aucun calendrier précis n’a été communiqué pour les premières expéditions. Le redémarrage progressif permettra à Syrah de reconstituer ses stocks, mais l’entreprise devra composer avec des cours toujours faibles et une surcapacité chronique en Chine. La faillite récente du fabricant de batteries Northvolt, en mars 2025, rappelle que la pression financière s’étend à toute la chaîne de valeur.

Syrah mise sur un rebond de la demande hors Chine et sur le soutien politique américain aux matériaux critiques. Mais dans l’immédiat, le groupe australien devra naviguer entre reprise prudente et maintien de sa crédibilité auprès de clients en attente. Le sort de Balama, symbole des ambitions de diversification minière, pourrait bien se jouer dans les prochains arbitrages économiques de Pékin.