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Me René Bourgoin, Président de la HACA : « L’audiovisuel ivoirien, un impact significatif sur l’économie »

Interview réalisée par Yao Noël

Le président de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) de la Côte d’Ivoire, Me René Bourgoin, juriste et avocat de renom, mesure les performances du secteur de l’audiovisuel ivoirien et souligne son impact, qu’il qualifie de « significatif », sur l’économie en plein essor du pays.

Monsieur le Président, dix ans après la libéralisation, comment évolue l’espace audiovisuel en Côte d’Ivoire ?

Le paysage audiovisuel en Côte d’Ivoire a connu des transformations significatives au cours des dix dernières années qui ont suivi la libéralisation de l’espace télévisuel. Il a beaucoup évolué en termes de nombre d’opérateurs, de diversité d’offres de programmes et de qualité de service.

À ce jour, le paysage audiovisuel régulé par la HACA compte 324 radios toutes catégories confondues, 3 télévisions de service public, 4 télévisions privées commerciales diffusées sur la TNT et le satellite, 14 télévisions privées non commerciales diffusées sur le satellite, 763 chaînes de télévision et de radio distribuées par les bouquets satellitaires autorisés en Côte d’Ivoire et 194 médias audiovisuels en ligne déclarés auprès de la HACA.

À l’exception des dernières radios autorisées en 2024, qui sont en phase de déploiement, elles ont quasiment toutes démarré leur production.

Peut-on dire donc qu’en tant qu’autorité de régulation, vous êtes satisfait de l’évolution en cours ?

Très satisfait, parce qu’en dix ans, les efforts du gouvernement (pour donner un cadre juridique adéquat) et du régulateur, sans oublier ceux des médias, ont permis d’avoir un paysage audiovisuel riche de sa diversité et très dynamique, avec des chaînes de télévision très appréciées dans la sous-région et qui fonctionnent selon les standards internationaux.

M le Président, au regard de cette évolution plutôt positive, quelles sont les dispositions et précautions prises pour éviter la concentration entre les mains d’une seule personne ou d’une poignée de promoteurs ?

Croyez-moi, plusieurs dispositions de la loi règlent cette question. Pour éviter la concentration des pouvoirs ou des ressources entre les mains d’une seule personne ou d’un petit groupe de promoteurs, l’autorisation d’exploiter un service de média audiovisuel est accordée à des personnes morales qui adressent à la HACA un dossier de demande dans lequel figurent clairement l’identité de leurs membres fondateurs, pour les associations, et la liste nominative des actionnaires ou associés, pour les sociétés commerciales.

De même, l’obligation est faite aux éditeurs de communiquer chaque année des informations financières et de propriété. Ce qui permet également de surveiller les concentrations de pouvoir.

À ce niveau, quel est l’avenir de l’audiovisuel ivoirien avec les radios et télévisions privées ?

L’avenir est très prometteur avec beaucoup d’espoir pour l’audiovisuel en Côte d’Ivoire. Nous pouvons revenir sur certains indicateurs. Sur la diversification de contenus, nous restons convaincus que les radios et télévisions privées en plein essor apporteront davantage de diversité en termes de contenus qui répondent aux goûts et intérêts des consommateurs. Par ailleurs, l’essor des médias privés favorisera une plus grande liberté d’expression et permettra une pluralité de voix, ce qui est essentiel pour une démocratie saine.

Qu’en est-il de la concurrence ?

La concurrence entre les médias privés contribuera, à l’évidence, à une amélioration de la qualité des programmes.

Comment veillez-vous à la cohésion nationale avec un secteur de l’audiovisuel privé en pleine expansion ?

La cohésion nationale à travers l’audiovisuel privé peut être renforcée. La HACA fixe, dans cette perspective, des obligations aux chaînes de radio et de télévision contenues dans leur cahier des charges. Voici, quelques dispositions à titre d’exemple :

  • « L’ensemble des programmes distribués par le titulaire de l’autorisation doit permettre aux téléspectateurs notamment, de s’informer, de s’éduquer et de se divertir. »
  • « Il est interdit au titulaire de l’autorisation de distribuer des programmes contraires aux lois, aux bonnes mœurs, à la sécurité du pays et à l’unité nationale. »

Pour l’élection présidentielle de 2025, avez-vous vous déjà une stratégie d’encadrement et de contrôle ?

Pour l’élection présidentielle d’octobre 2025, comme ce fut le cas pour les précédentes, la HACA mettra en œuvre une stratégie d’encadrement et de contrôle de l’ensemble des médias en vue de garantir une couverture médiatique réussie de l’élection. Elle consistera notamment à la mise en place d’un cadre règlementaire adéquat avec la prise de décisions fixant les conditions de couverture de l’élection pour chaque catégorie de média avant, pendant et après la campagne électorale ; la formation des médias de proximité, à savoir les radios privées non commerciales afin que dans le respect de la réglementation, elles donnent aux populations une information juste et contribuent à la cohésion sociale ; la mise en place de mécanismes de plaintes de sorte à permettre à la HACA d’assurer une veille qui favorisera entre autres actions, sa saisine en cas de besoin, avec des procédures pour traiter rapidement ces plaintes.

Sur le plan économique, pourriez-vous nous indiquer la part de l’audiovisuel ivoirien dans l’économie nationale ?

Il est difficile d’indiquer la part exacte de l’Audiovisuel dans l’économie globale de la Côte d’Ivoire. Ceci nécessite des études spécifiques pour des chiffres précis mais il est clair que ce secteur a un impact significatif sur l’économie, la culture et l’emploi dans le pays.

Concernant la réduction du chômage, le secteur de l’audiovisuel génère de très nombreux emplois dans des domaines variés (conception, scriptes, techniques, réalisation, journalisme, animation, etc.), tout cela étant boosté par les technologies du numérique.

L’Audiovisuel joue également un rôle crucial dans la promotion de la culture ivoirienne, ce qui peut avoir des retombées économiques. La production de contenus locaux attire des investissements et favorise le tourisme culturel.

Enfin, les médias audiovisuels sont des plateformes importantes pour la publicité, ce qui représente une source de revenus significative pour les entreprises locales et internationales. Cela stimule également d’autres secteurs économiques.

Pour clore notre entretien, M. le Président, quel est votre message d’espoir et surtout vos souhaits intimes pour la HACA en cette année 2025 ?

En cette année 2025, mon souhait est que la HACA continue de jouer le rôle essentiel qui est le sien dans la promotion d’une communication audiovisuelle libre, diversifiée et responsable en Côte d’Ivoire. Que la HACA demeure une institution de confiance et de qualité dans ce monde médiatique en constante évolution.