Madagascar : La crise politique fait vaciller la confiance des marchés

La crise politique qui secoue Madagascar se répercute déjà sur les marchés. L’agence de notation S&P Global Ratings a annoncé, vendredi 17 octobre 2025, avoir placé les notes de crédit souveraines de Madagascar (« B-/B ») sous surveillance avec implications négatives, à la suite du coup de force de l’armée et du départ du président Andry Rajoelina du pays.
Par Bacary DABO
L’instabilité politique qui frappe la Grande Île depuis plusieurs semaines trouve désormais un écho sur les marchés financiers. S&P Global Ratings a indiqué, le 17 octobre, avoir placé les notes de crédit souveraines à long et à court terme du pays (« B-/B ») sous surveillance avec implications négatives.
Cette décision est motivée par la détérioration du climat politique et les incertitudes entourant la transition en cours après la prise de pouvoir de l’armée.
Depuis la fin septembre, le pays est en proie à des manifestations d’ampleur inédite, initiées par le mouvement de jeunes Gen Z Mada pour dénoncer les coupures d’électricité, la précarité sociale et la gouvernance du président Andry Rajoelina. Malgré la dissolution du gouvernement le 29 septembre et la nomination d’un général comme Premier ministre, la contestation ne s’est pas essoufflée.
Le 11 octobre, un tournant décisif est intervenu lorsque la CAPSAT, unité d’élite de l’armée, a refusé d’obéir aux ordres de répression et a rallié les manifestants. Le lendemain, elle annonçait contrôler l’appareil militaire. Le président Rajoelina a quitté le pays le 12 octobre, laissant Madagascar dans une situation politique hautement incertaine.
Des risques accrus pour l’économie
Pour S&P, cette instabilité compromet à court terme l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques, tout en pesant sur les performances économiques et budgétaires du pays.
L’agence souligne également que la crise pourrait restreindre l’accès de Madagascar aux financements extérieurs officiels, notamment ceux des partenaires internationaux et des bailleurs multilatéraux.
En conséquence, S&P a également abaissé son évaluation des conditions générales (T&C) de « B » à « B- », traduisant un risque accru pour les investisseurs.
Une surveillance sous conditions
L’agence précise toutefois qu’elle pourrait retirer Madagascar de la surveillance négative dans les trois prochains mois, à condition que la transition politique se déroule dans le calme, que la continuité administrative soit assurée et que le pays honore ses engagements financiers.
Mais pour l’heure, prévient la même source, les signaux restent au rouge. Entre incertitude institutionnelle, ralentissement économique et défiance des bailleurs, Madagascar s’engage dans une période délicate où la restauration de la stabilité politique conditionnera largement le retour de la confiance des investisseurs, avertit S&P.