Lutte contre la criminalité financière : L’Union européenne met à jour sa liste des pays à haut risque

Bruxelles renforce son dispositif de vigilance financière en actualisant sa liste des juridictions présentant des failles systémiques en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Dix nouveaux pays y sont ajoutés, tandis que huit autres en sont retirés.
Par Kevin da SILVA
Face à l’augmentation des flux financiers illicites et à la complexification des circuits de blanchiment, la Commission européenne a annoncé, le 10 juin 2025, une nouvelle mise à jour de la liste des pays tiers considérés comme présentant des carences stratégiques en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT). Cette initiative s’inscrit dans les efforts continus de l’Union pour sécuriser son espace économique et renforcer la transparence du système financier.
La révision de cette liste est alignée avec les travaux du Groupe d’action financière (GAFI), l’organe international de référence en matière de lutte contre la criminalité financière. Dix juridictions ont été nouvellement inscrites, parmi lesquelles figurent l’Algérie, l’Angola, la Côte d’Ivoire, le Kenya, le Liban et Monaco. Parallèlement, huit pays, dont le Panama, les Émirats arabes unis, le Sénégal et la Jamaïque, ont été retirés de la liste à la suite d’évaluations favorables.
Conformément à l’article 9 de la quatrième directive européenne sur la lutte contre le blanchiment, la Commission a mené une évaluation technique approfondie des juridictions concernées. Cette évaluation s’appuie sur une méthodologie rigoureuse, intégrant les analyses du GAFI, des consultations bilatérales et des missions sur le terrain. L’objectif est de garantir une cohérence maximale avec les normes internationales et d’adapter la politique de l’UE aux risques évolutifs liés à la criminalité financière transfrontalière.
L’inclusion d’un pays sur cette liste a des répercussions concrètes pour les institutions financières européennes. Celles-ci sont tenues d’appliquer des mesures de vigilance renforcée dans toutes leurs relations d’affaires impliquant les juridictions classées à haut risque. Ce mécanisme vise à limiter les risques d’infiltration du système financier de l’Union par des fonds d’origine illicite.
La mise à jour de la liste prend la forme d’un règlement délégué. Celui-ci entrera en vigueur à l’issue d’un délai d’examen d’un mois par le Parlement européen et le Conseil, une période qui peut être prolongée une seule fois. En alignant ses pratiques sur celles du GAFI, la Commission européenne affirme sa détermination à dépasser les engagements symboliques pour maintenir une surveillance constante et encourager une coopération étroite entre les États membres et les partenaires internationaux.