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Le Tchad mise sur l’économie circulaire pour bâtir un avenir durable

La place de la nation au Tchad

Avec l’appui de la Banque africaine de développement, le Tchad a adopté, le 29 juillet, une feuille de route nationale pour l’économie circulaire sur dix ans. Ce plan ambitieux vise à créer des emplois, valoriser les déchets et réduire la dépendance aux énergies fossiles, dans un contexte marqué par la pauvreté et le changement climatique.

Par Kevin da SILVA

Le Tchad change de cap. En adoptant une feuille de route pour l’économie circulaire (2025–2035), le pays entend rompre avec le modèle linéaire « produire, consommer, jeter » pour adopter une logique de réutilisation, de recyclage et de transformation des déchets en ressources. Ce modèle permet, par exemple, de convertir les déchets alimentaires en compost ou en biogaz, ou encore de recycler les plastiques en matériaux de construction. Des pratiques déjà courantes dans les quartiers populaires de N’Djamena, mais que l’État souhaite désormais encadrer et développer à l’échelle nationale.

Pour le ministre de l’Environnement, cette transition est une nécessité vitale. Face à la vulnérabilité du pays aux effets du changement climatique et à la précarité économique, l’économie circulaire apparaît comme une solution durable pour préserver les ressources, lutter contre la pollution et créer des emplois locaux. Le plan prévoit une réduction de 40 % des déchets non valorisés d’ici 2035, la création de plus de 25 000 emplois verts, ainsi qu’un meilleur accès à l’électricité grâce à l’énergie produite localement à partir des déchets.

Six secteurs prioritaires ont été retenus : agriculture, gestion des déchets, plastiques, construction, eau et énergie. Trente actions phares seront mises en œuvre, parmi lesquelles : la création de « fermes circulaires » où les déchets agricoles sont directement recyclés, l’utilisation de matériaux durables dans la construction, et le développement de filières de recyclage à haute valeur ajoutée. Des jeunes entrepreneurs tchadiens s’engagent déjà dans cette dynamique. À l’image de Ghislain Bindah Dingaotabet, fondateur de l’entreprise Karo, qui transforme des déchets plastiques en briques écologiques et produit du biogaz. Le gouvernement a mis en place un comité technique national pour piloter le plan, en concertation avec les autorités locales, le secteur privé et les partenaires techniques et financiers. Deux ateliers nationaux ont permis d’aligner les visions et de construire une stratégie partagée.

Inspiré par des expériences régionales, notamment au Bénin et en Éthiopie, le Tchad adopte une approche adaptée à ses réalités. Soutenu par la Banque africaine de développement et l’Alliance africaine pour l’économie circulaire, ce tournant stratégique entend transformer les faiblesses structurelles du pays en moteurs de développement, en s’appuyant sur l’intelligence locale, l’innovation et la solidarité communautaire.