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Le Sénégal récuse la dégradation de sa note par Moody’s

Le gouvernement Sénégalais en conseil des ministres

Le gouvernement sénégalais conteste la décision de l’agence de notation Moody’s Investor Services d’abaisser la note souveraine du pays. Dans un communiqué publié le 11 octobre 2025, le ministère des Finances et du Budget dénonce une évaluation fondée sur des « hypothèses spéculatives, subjectives et biaisées ».

Par Bacary DABO

Le ministère des Finances et du Budget dit avoir pris connaissance, avec regret, de la décision de Moody’s Investor Services, datée du 10 octobre 2025, d’abaisser la note de crédit du Sénégal de B3 à Caa1, tout en maintenant une perspective inchangée. Selon le communiqué, cette décision repose sur « des hypothèses spéculatives, subjectives et biaisées » et ne reflète ni la réalité des fondamentaux économiques du pays, ni les mesures de politique publique mises en œuvre pour consolider la stabilité budgétaire et renforcer la soutenabilité de la dette.

Le ministère rappelle que plusieurs réformes structurelles sont en cours dans le cadre du Plan de Redressement Économique et Social (PRES), déjà mis en œuvre à travers l’adoption par l’Assemblée nationale d’une révision du Code général des impôts et d’un nouveau Code des investissements.

Le département ministériel estime que cette décision de Moody’s s’appuie sur « des justifications partielles, prématurées et des sources non dévoilées », traduisant selon lui « une ligne de conduite douteuse » de l’agence à l’égard du Sénégal depuis plusieurs mois.

Dans le même communiqué, le ministère réaffirme la détermination du gouvernement à poursuivre des politiques économiques « responsables, rigoureuses et transparentes », en cohérence avec le respect de ses engagements et de ses objectifs de développement. Il appelle également Moody’s à « davantage de rigueur, d’objectivité et de responsabilité » dans ses analyses, invitant l’agence à fonder ses évaluations sur des critères tangibles et à publier ses rapports selon un calendrier plus approprié, afin d’éviter « toute ambiguïté sur les intentions réelles » de sa démarche.

Le ministère met en avant la robustesse des fondamentaux économiques du Sénégal, illustrée par « la mobilisation réussie de financements diversifiés », notamment à travers des levées de fonds importantes sur le marché régional et l’élargissement de la base de partenaires financiers, incluant des banques commerciales internationales.

Sur le plan budgétaire, les autorités se félicitent d’une exécution maîtrisée, conforme aux objectifs fixés en matière de discipline et de consolidation des finances publiques : à fin juin 2025, le déficit s’établissait à 588 milliards de F CFA avec un taux d’exécution des recettes de 50 %, en ligne avec un objectif de déficit de 7,8 % du PIB en 2025, ouvrant la voie à une réduction à 5,0 % du PIB en 2026.

Le ministère souligne enfin que les perspectives de croissance économique demeurent dynamiques, portées par les réformes structurelles, le développement du secteur énergétique et l’amélioration continue du climat des affaires, soutenue par l’adoption du nouveau Code des investissements.

Cette annonce de Moody’s intervient au lendemain du Forum Investir au Sénégal, que les autorités présentent comme un succès majeur, avec la signature de 51 accords d’investissement représentant un montant total de 23,4 milliards de dollars, soit près de 13 000 milliards de F CFA d’engagements. Un calendrier qui, pour certains observateurs, interroge sur l’opportunité et la portée réelle de cette dégradation.