Le Sénégal en quête de 6 milliards d’euros pour sa transition énergétique

Le Sénégal est à la recherche d’environ six milliards d’euros pour respecter ses engagements pris en 2023 de réduire ses émissions de carbone et rendre l’énergie accessible aux ménages. Sur un besoin global estimé à 9 milliards d’euros pour assurer la transition énergétique, le pays bénéficie déjà de 2,5 milliards d’euros grâce à l’initiative de transition énergétique juste (JETP).
Par Bacary DABO
Le Sénégal s’engage activement dans une transition énergétique juste et durable à travers le Just Energy Transition Partnership (JETP), un cadre de coopération visant à accélérer le passage des énergies fossiles aux énergies renouvelables.
Cet engagement était au cœur d’un atelier de renforcement des capacités des journalistes, organisé le 3 juillet 2025 à Dakar par le Centre de Recherche et d’Action sur les droits économiques, sociaux et culturels (Cradesc), en partenariat avec The African Climate Foundation (Acf). Cette rencontre, qui s’inscrit dans le cadre de la facilitation de la mise en œuvre du JETP au Sénégal, visait à outiller les journalistes pour leur permettre de se l’approprier et en assurer une diffusion pertinente auprès de l’opinion publique.
Pour son plan global de transition énergétique, estimé à 9 milliards d’euros, le pays a, à ce jour, mobilisé 2,5 milliards d’euros grâce à des financements de la France, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, du Canada et de l’Union européenne. Cela laisse un écart d’environ six milliards d’euros pour atteindre l’objectif de 40 % d’énergies renouvelables dans la capacité installée d’ici 2030.
Babacar Ndiaye, député à l’Assemblée nationale du Sénégal, confie que le JETP se compose de 6,6 % de subventions, 0,5 % d’assistance technique et de prêts concessionnels représentant 69,2 %. Pour lui, le JETP représente une chance historique pour accélérer la transition énergétique du Sénégal et permettra, par ailleurs, la création de 30 000 emplois verts.
« En Afrique, il faut qu’on comprenne que derrière les énergies renouvelables, il y a beaucoup d’opportunités à exploiter », souligne-t-il, invitant le secteur privé à se positionner sur les investissements dans le domaine des énergies renouvelables.
La directrice exécutive du Cradesc, Mme Fatima Diallo, pour sa part, relève que les 2,5 milliards d’euros du JETP, dont le plan d’investissement est en phase de validation, sont largement insuffisants pour le Sénégal, étant donné que le plan d’investissement global est arrêté à 8,9 milliards d’euros. Selon elle, il est urgent de faire en sorte que le mix énergétique soit dominé par les énergies renouvelables, afin de voir comment ces dernières peuvent bénéficier aux secteurs économiques dominants (agriculture, pêche, etc.).
Elle estime que la transition énergétique serait totalement injuste si elle ne profitait qu’aux zones urbaines, au détriment des zones rurales.
Dans cette dynamique, le Sénégal peut également compter sur l’exploitation de ses ressources naturelles pour améliorer l’accès à l’énergie et les conditions de vie des populations. Le pays dispose de ressources gazières estimées à environ 910 milliards de m³, ainsi que d’un potentiel d’énergies renouvelables dans des domaines tels que le solaire, l’éolien, l’hydraulique, la biomasse, le biogaz, l’hydrogène et la géothermie. Même le nucléaire représente une nouvelle opportunité à explorer.
Pour atteindre ses objectifs, le pays s’inspire du modèle sud-africain, premier pays africain à bénéficier de l’initiative JETP, avec des résultats concrets à la clé.