Inspire & Connect » 2025 : la co-construction s’impose comme modèle de partenariat Afrique–France

Le ministre sénégalais de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage, Mabouba Diagne, et son homologue guinéen en charge du plan et de la coopération internationale, Ismaïla Nabé, ont plaidé pour des partenariats fondés sur la co-construction entre les pays africains et les entreprises françaises désireuses d’investir en Afrique. C’était à l’occasion de la 4ᵉ édition de l’initiative « Inspire & Connect », organisée le mardi 8 juillet 2025 à Dakar par Bpifrance.
Par Bacary DABO
“Co-investissement”, “co-financement”, “co-industrialisation”, “co-création”, “co-construction” sont, entre autres, des expressions qui ont résonné dans l’enceinte de l’ancien Palais de justice de Dakar, où s’est tenue cette 4ᵉ édition de l’initiative « Inspire & Connect ». Cette dynamique traduit une volonté commune de changer de paradigme dans la manière de collaborer entre entreprises françaises et acteurs africains.
Le ministre sénégalais de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, Mabouba Diagne, ne voit aucun obstacle à œuvrer ensemble pour concrétiser la « co-construction » ou la « co-industrialisation ». Pour lui, la volonté politique est bien présente, d’autant plus que de nombreux défis tels que le changement climatique, l’emploi des jeunes, la sécurité alimentaire, l’autonomisation économique des femmes, s’imposent à l’Afrique. Face à ces enjeux, M. Diagne estime qu’il est temps d’assurer la transformation des matières premières sur place, en Afrique, afin de créer davantage de valeur ajoutée. Il plaide ainsi pour une meilleure formalisation de l’agriculture, de façon à l’accompagner, la financer, l’industrialiser, en mettant en place des plateformes de financements adaptés.
Abondant dans le même sens, le représentant de l’Élysée à Conakry, Luc Briard, considère que la France peut être un partenaire privilégié en Guinée, non pas en raison d’un passé commun, mais parce qu’un avenir reste à co-construire autour des enjeux de souveraineté industrielle. Il prône une transformation locale des produits, mais aussi le renforcement des chaînes de valeur en Europe.
“Nous avons besoin d’aluminium, de minéraux critiques. La France et l’Europe sont dans une bataille économique avec les États-Unis et avec la Chine. Et l’Afrique co-construit avec nous ses solutions. La souveraineté alimentaire des chaînes de valeur doit être créée en Guinée, mais aussi au Sénégal. Il ne faudra pas oublier la culture, les langues nationales », a-t-il indiqué.
Pour sa part, Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, insiste sur le rôle que joue l’institution en Afrique. Il s’agit notamment d’amener les entrepreneurs français sur le continent, en les finançant pour qu’ils puissent s’y installer et y lancer des investissements selon une logique de co-construction. À l’entendre, Bpifrance se positionne comme un catalyseur de relations fondamentales, apportant des solutions concrètes à l’entrepreneur pour l’encourager, le rassurer et l’accompagner.
L’ambassadrice de France au Sénégal et en Gambie, Mme Christine Fages, rappelle que les entrepreneurs sont au cœur de la transformation, que ce soit en France, au Sénégal ou en Guinée. « L’Afrique de l’Ouest a des entrepreneurs de qualité qui sont très dynamiques et qui n’ont besoin que de parler à d’autres entrepreneurs, de trouver des financements pour avancer sur le développement de leur pays, mais aussi de la planète. Nous avons parlé d’agriculture, nous parlerons pêche, nous parlerons de tous les sujets qui comptent. Pour nous la méthode, c’est la co-industrialisation, le travail ensemble, le produire local qui compte », souligne-t-elle.
« En plus d’être le berceau de l’humanité, l’Afrique est le berceau de l’avenir et avec une industrialisation silencieuse qui est résiliente et profondément ancrée dans les ressources locales, le continent doit être co-créatrice de solutions », a martelé, pour ce qui la concerne, Élisabeth Moreno, présidente d’un fonds d’investissement et ancienne ministre française. Pour elle, il est indispensable de penser l’entrepreneuriat comme un trait d’union vers l’avenir.