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Ghana : Le cacao en crise malgré des prix records mondiaux

Production de cacaoyère - Champ de cacao en Cote d'Ivoire

Alors que les cours mondiaux du cacao atteignent des sommets, les producteurs ghanéens peinent à en tirer profit. Entre dérèglement climatique, prix d’achat figé et pression croissante de l’orpaillage illégal, le modèle ghanéen du cacao durable est aujourd’hui mis à rude épreuve.

Par Kevin da SILVA

La saison 2024/2025 s’annonce difficile pour le Ghana, deuxième producteur mondial de cacao. L’objectif de 650 000 tonnes, fixé par le COCOBOD, l’autorité nationale de régulation, paraît désormais hors de portée. En cause : des pluies excessives, un manque d’ensoleillement et une recrudescence des maladies, notamment la pourriture brune, qui ravage les plantations.

« Les rendements chutent, les maladies se propagent. Nos arbres sont sous tension », alerte Nana Oboadie Bonsu, président de l’Association des planteurs de cacao, après une tournée dans 72 districts. Face à cette situation, le COCOBOD a lancé des campagnes de pulvérisation de masse et intensifié la distribution de fongicides. Mais pour de nombreux producteurs, l’inquiétude reste vive.

Des prix records, des revenus bloqués

Alors que le prix du cacao flambe à l’international, les planteurs ghanéens ne voient pas la couleur de cette hausse. Le prix d’achat des fèves, fixé par l’État en début de campagne, reste bien inférieur aux niveaux actuels du marché mondial. Conséquence : avec une production en recul, les revenus familiaux risquent de chuter fortement. Un paradoxe d’autant plus criant que les producteurs sont à la base de la chaîne de valeur, sans en récolter les fruits.

À ces difficultés s’ajoute la menace de l’orpaillage illégal. En pleine expansion, cette activité détruit les plantations, pollue les sols et rend les terres impropres à la culture. Dans le même temps, de nombreux jeunes désertent les exploitations cacaoyères, jugées peu rentables, aggravant le vieillissement de la main-d’œuvre agricole.

Le cacao ghanéen se trouve ainsi confronté à une double crise : conjoncturelle d’un côté, structurelle de l’autre. Et c’est l’ensemble du système de régulation, autrefois salué pour sa rigueur, qui se retrouve aujourd’hui sous tension.

Quel avenir pour la filière ?

Pour les observateurs, il ne s’agit plus seulement de sauver la récolte actuelle. Il faut repenser en profondeur le système de rémunération des producteurs, renforcer leur résilience face aux chocs climatiques et protéger durablement les terres agricoles contre l’exploitation illégale.

Alors que la demande mondiale de cacao reste soutenue, le Ghana est à la croisée des chemins, celle de continuer à jouer le rôle de simple fournisseur à faible valeur ajoutée, ou devenir un modèle de cacao équitable, durable et attractif pour les nouvelles générations.