Gabon : L’État réussit une opération à 1 403 milliards FCFA pour restructurer la dette publique
Par Dorcas Davier AHOUANGAN

Le Gabon a mené à bien une initiative d’envergure, baptisée « Mouele », en mobilisant un montant total de 1 403 milliards de francs CFA auprès de partenaires bancaires et institutionnels. Cette stratégie vise à optimiser le calendrier des remboursements de la dette intérieure.
Le Gabon vient de réaliser une opération financière significative pour réorganiser activement sa dette publique et, par conséquent, alléger la pression sur ses finances publiques. Selon un communiqué officiel du ministère gabonais de l’Économie et des Participations, cette opération s’est articulée autour de trois axes complémentaires : la restructuration de 592 milliards de francs CFA de dette émise sur le marché des titres publics de la CEMAC ; la conversion en obligations de 473 milliards de francs CFA de créances bancaires non cotées ; et la levée de 338 milliards de francs CFA de nouvelles liquidités.
Cette transaction survient dans un contexte où, selon les données de février 2025, la dette intérieure du Gabon atteignait 2 196 milliards de francs CFA. Une part importante de cette dette, soit 79 %, était à court terme, représentant 1 741 milliards de francs CFA sous forme de titres publics, avec une maturité moyenne de seulement 2,3 ans. Le profil des remboursements à venir apparaissait particulièrement concentré, avec 1 977 milliards de francs CFA à honorer sur la période 2025-2027, dont 1 710 milliards pour le principal et 267 milliards pour les intérêts, représentant 78 % du stock total de la dette intérieure. Toutefois, à partir de 2029, la charge des remboursements diminuait considérablement pour atteindre 60 milliards de francs CFA, et même 10 milliards en 2033, traduisant une pression budgétaire réduite à moyen terme.
Face à cet important volume de dette à court terme, le gouvernement a mis en œuvre des mesures pour étaler ses remboursements grâce à cette opération. Cette opération a bénéficié de la participation « volontaire » d’une dizaine d’établissements financiers régionaux. Grâce à la restructuration de 592 milliards de francs CFA, la durée moyenne des titres est passée de 2,3 ans à 6 ans, avec de nouvelles échéances s’échelonnant entre 5 et 9 ans. Cette démarche a permis un véritable étalement du profil d’amortissement, réduisant significativement la pression sur la trésorerie de l’État dans les prochaines années.
Parallèlement, le gouvernement a converti 473 milliards de francs CFA de créances bancaires détenues hors marché en obligations assimilables d’une maturité de 9 ans, assorties d’une période de grâce de deux ans. Cette transformation améliore la liquidité des banques concernées et renforce leur capacité à soutenir le financement de l’économie locale.
Enfin, la mobilisation de 338 milliards de francs CFA de nouveaux financements auprès des institutions bancaires s’est traduite par l’émission de nouveaux Bons du Trésor Assimilables. Ce succès témoigne de la confiance renouvelée des investisseurs régionaux dans la capacité du Gabon à piloter ses finances publiques avec discipline.
Au total, l’État a dégagé un gain net de 683 milliards de francs CFA. Ce gain comprend 494 milliards en trésorerie et marges budgétaires, ainsi que 189 milliards d’économies sur le coût du financement, par rapport aux conditions standards du marché.
« Afin de sécuriser cette opération complexe, des garanties spécifiques ont été mises en place, sous la supervision du régulateur du marché, dans le but de limiter les risques d’exécution, de prévenir les baisses de valeur des titres et de maîtriser les surcoûts potentiels liés à une éventuelle augmentation des taux d’intérêt », a précisé le gouvernement gabonais. Il a également souligné que « grâce à cette approche, le Gabon a honoré ses engagements envers les investisseurs régionaux et les principaux partenaires financiers internationaux. Au nombre de ces investisseurs, il y a la Banque mondiale, le FMI, la Banque africaine de développement, l’Agence française de développement et la Banque islamique de développement. »
Le gouvernement a salué la mobilisation exceptionnelle du secteur bancaire, des institutions financières et du régulateur. Il souligne que ce succès illustre sa détermination à instaurer une gestion des finances publiques rigoureuse, transparente et durable.