Finance islamique : la BIS lève plus de 500 milliards FCFA via les Sukuks au profit du Sénégal

Organisée par l’Institut africain de la finance islamique (AIIF), la 10ᵉ édition du Forum international de la finance islamique s’est tenue le mardi 24 juin 2025 au King Fahd Palace. En termes de bilan, la Banque islamique du Sénégal (BIS), filiale de la Banque islamique de développement (BID), a permis jusque-là au Sénégal de lever des Sukuks (obligations islamiques) pour un montant total de plus de 500 milliards FCFA.
Par MLDIATTA
Les montants mobilisés par la BIS à travers les Sukuks ont permis de financer des infrastructures et des projets structurants dans des secteurs stratégiques tels que l’énergie, la santé et d’autres domaines clés du développement national.
Selon Madame Aminata Faye Seck, directrice générale de la Banque islamique du Sénégal (BIS), ce forum constitue un véritable carrefour de décideurs et contribue à l’installation, à terme, d’un écosystème régional robuste. L’édition de cette année marque, selon elle, un moment de bilan et de projection, tout en magnifiant le rôle de la BIS, pionnière dans le secteur.
De son côté, Oumar Top, représentant de l’Autorité de régulation des marchés financiers AIMF UEMOA (ex CREMPF), a particulièrement salué la résilience de Mouhamadou Lamine Mbacké, qui organise ce forum depuis 2010, soit depuis 15 années. Pour lui, le thème « Sukuks, business halal et fintech » s’inscrit pleinement dans les préoccupations actuelles du secteur financier.
D’après les statistiques de l’AIMF UEMOA, entre 2014 et 2022, des Sukuks d’un montant cumulé de plus de 1 400 milliards FCFA ont été levés dans l’espace UEMOA. Il en ressort que, plus qu’une alternative, la finance islamique s’impose aujourd’hui comme une solution crédible au service du développement des économies africaines. Les participants au forum ont, à juste titre, unanimement salué le leadership de Mouhamadou Lamine Mbacké, président de l’Institut africain de la finance islamique et pionnier de cette solution financière innovante et flexible en Afrique de l’Ouest.
Des défis demeurent
L’absence de cadre réglementaire sur la fintech, une éducation financière encore insuffisante et un déficit de formation d’experts spécialisés en finance islamique limitent encore aujourd’hui la diffusion de cette culture financière spécifique.
Cheikh Ahmadou Diallo, représentant de la Banque islamique de développement (BID), a souligné que la finance islamique n’est pas simplement une alternative, mais une solution durable. Tout en assurant de l’engagement constant de la BID, il a rappelé le rôle pionnier joué par le Sénégal dans ce domaine.
En 2014, le Sénégal avait levé son premier Sukuk souverain pour un montant global de 100 milliards FCFA, avec le soutien de la BID. À ce jour, plus de 21 milliards de dollars de Sukuks ont été levés sur le continent africain, notamment grâce à l’accompagnement de la BID via sa filiale ICD.
Au nom du gouvernement du Sénégal, Mamadou Ndiaye, conseiller technique au ministère des Finances et du Budget, a souligné que l’industrie de la finance islamique dans la région n’a pas encore atteint la taille critique attendue. Il a également relevé la faiblesse des actifs financiers sur le marché de l’UEMOA.
Selon lui, fondée sur l’éthique, la solidarité et l’équité, la finance islamique peut devenir un levier de transformation, notamment en soutenant le développement des PME. Les Sukuks apparaissent aujourd’hui, indique-t-il, comme des instruments pertinents face à la crise économique actuelle. Pour cela, il convient de diversifier les sources de financement en recourant aux Sukuks souverains et en favorisant une meilleure inclusion financière.
Monsieur Ndiaye a félicité l’Institut africain de la finance islamique pour avoir désigné la Côte d’Ivoire comme invitée d’honneur du forum. Ce pays-pivot de l’Afrique de l’Ouest dispose d’un écosystème financier dynamique et d’atouts majeurs.
Selon la Banque mondiale, les besoins d’investissement de l’Afrique sont aujourd’hui estimés à 93 milliards de dollars dans des secteurs vitaux. Les succès enregistrés par la Malaisie, l’Indonésie et les pays du Golfe invitent à l’optimisme.