Exploitation aurifère en Côte d’Ivoire : Une kyrielle de taxes pour renflouer les caisses de l’État
Par Bamba MAFOUMGBÉ

L’exploitation aurifère connaît, depuis quelques années, un essor remarquable en Côte d’Ivoire, notamment avec la découverte de gisements de classe mondiale. En attendant l’entrée en exploitation de toutes les mines, le gouvernement ivoirien, engagé dans la valorisation du contenu local, cherche à maximiser les recettes publiques issues de l’exploitation aurifère.
L’exploitation aurifère occupe une place stratégique dans l’économie ivoirienne. En 2023, le pays comptait 14 mines industrielles, 227 mines semi-industrielles et 149 sites artisanaux en activité, auxquelles se sont ajoutées 5 nouvelles mines. Par ailleurs, 174 permis de recherche ont été délivrés.
La production d’or exportée est en constante augmentation, soit 43,8 tonnes en 2021, 47,61 tonnes en 2022 et 50,30 tonnes en 2023. Cependant, malgré cette progression, les recettes fiscales issues de l’exploitation aurifère restent en deçà des attentes. Avec les nouvelles découvertes et les entrées en production prévues entre 2027 et 2028 (Koné et Tanda), la Côte d’Ivoire pourrait renforcer sa position dans le secteur aurifère mondial.
L’annexe fiscale à la gestion budgétaire 2025 précise cette ambition dans son point 8, intitulé « Aménagement des dispositions des redevances superficiaires et taxes proportionnelles relatives aux activités régies par le Code minier » (Article 36). Ainsi, la taxe ad valorem sur l’or a été relevée de 2 %, s’inscrivant dans un contexte de forte croissance du secteur. Ce qui devrait rapporter plus de 41 milliards de FCFA à l’État en 2025.
Les taux de taxation, indexés sur la variation du prix de l’once d’or sur le marché mondial, ont été ajustés en passant de 3 % à 5 %, de 3,5 % à 5,5 %, de 4 % à 6 %, de 5 % à 7 % et de de 6 % à 8 %.
La Côte d’Ivoire et ses mines d’or de classe mondiale
Le 19 octobre 2024, la Côte d’Ivoire a inauguré sa 13ᵉ mine d’or, située à Lafigué, dans le département de Dabakala (Région du Hambol). Lors de la cérémonie, Mamadou Sangafowa Coulibaly, ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, a salué le dynamisme du secteur, largement impulsé par le Code minier de 2014, qui fera prochainement l’objet d’une réforme majeure pour garantir une exploitation prospère et durable.
Ce projet minier, issu d’un partenariat entre acteurs nationaux et internationaux, présente des perspectives économiques prometteuses. Sa production annuelle est estimée à 5,6 tonnes dès 2025, pour une exploitation totale évaluée à 66 tonnes sur toute la durée du projet. Les retombées financières pour l’État sont considérables, avec des recettes attendues de 400 milliards de FCFA. Par ailleurs, un investissement de 8 milliards de FCFA sera consacré au développement local, via le Comité de développement local minier (CDLM). En termes d’emplois, le projet prévoit la création de 500 postes directs, auxquels s’ajouteront plus de 1 000 emplois indirects, contribuant ainsi au dynamisme socio-économique de la région.
Les mines de Koné et Tanda : des gisements stratégiques
Située à Koné, dans le département de Dianra (Région du Worodougou), une nouvelle mine d’or est en cours de développement. Montage Gold Corporation, la société exploitante, a posé la première pierre du projet en décembre 2024, en présence de son PDG, Martino Ciccio, ainsi que des autorités gouvernementales et locales. Ce gisement de classe mondiale se distingue par des caractéristiques impressionnantes. Il renferme, en effet, 152 tonnes d’or, avec une exploitation prévue sur 20 ans. L’usine pourra traiter 11 millions de tonnes de minerai par an, permettant une production annuelle de 7 tonnes d’or. Ce projet dont le démarrage de production est prévu pour 2027 nécessitera un investissement de 489 milliards de Fcfa.
Koné devrait générer 2 500 emplois directs durant la construction et plus de 1 000 emplois directs en phase d’exploitation, en plus des milliers d’emplois indirects. Un montant de 19,8 milliards de FCFA sera investi dans le développement local, avec la construction d’infrastructures socio-économiques et communautaires.
Martino Ciccio a souligné l’importance de ce projet pour la sous-région, affirmant que Montage Gold deviendra un acteur incontournable du secteur minier en Afrique de l’Ouest. L’entreprise s’est également engagée à former 80 jeunes aux métiers de la construction et à initier un programme d’alphabétisation bénéficiant à 500 personnes, en collaboration avec le Lycée professionnel de Mankono et le ministère de l’Éducation nationale.
Sur le plan environnemental, Montage Gold assure respecter les normes internationales et maintenir un dialogue constant avec les communautés locales pour garantir le respect de leurs droits et de leurs aspirations.
À Tanda, dans la région du Gontougo, la découverte d’un gisement aurifère de classe mondiale suscite de grands espoirs. Lors d’une rencontre avec le Président Alassane Ouattara, le 26 novembre 2024, le PDG d’Endeavour Mining, Ian Cockerill, a dévoilé les perspectives du projet.
Ce gisement nécessitera un investissement de 530 milliards de FCFA pour son exploitation. Sa production annuelle est estimée à 11 tonnes d’or, avec une première coulée prévue en 2028.
En 2023, la Côte d’Ivoire a atteint une production record de 55 tonnes d’or, confirmant ainsi la dynamique de croissance du secteur aurifère. Ce développement représente une opportunité pour l’économie nationale. Grâce aux mesures fiscales et juridiques mises en place, les revenus issus de l’exploitation minière permettront à l’État d’accroître ses recettes budgétaires. Également, pour les populations, ces ajustements sont une opportunité de bénéficier directement des retombées économiques à travers des investissements dans les infrastructures, l’éducation et l’emploi.