El Hadji Alioune Diouf, Commissaire aux enquêtes économiques : « La ZLECAf profite plus aux pays ayant fait adopter certains produits d’origine »
Propos recueillis par Boubacar GASSAMA

La mise en œuvre de la ZLECAf n’est pas encore à sa vitesse de croisière. Le Commissaire aux enquêtes économiques, El Hadji Alioune Diouf, ancien directeur du commerce intérieur du Sénégal, indique les pistes à explorer afin de dynamiser le commerce intra-africain.
Plusieurs années après l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qu’est-ce qui empêche sa mise en œuvre totale ?
Une zone de libre-échange est un espace où les produits d’origine, c’est-à-dire les produits communautaires, circulent librement sans barrières tarifaires ni barrières non tarifaires. Ces produits obéissent à des règles d’origine qui déterminent leur nationalité communautaire. Une zone de libre-échange n’est ni un marché commun ni un marché unique. C’est un marché où circulent exclusivement les produits d’origine ou produits communautaires. Les critères des règles d’origine sont parfois stricts et difficiles à remplir pour certains pays. La mise en œuvre de la ZLECAf dépend du nombre de produits d’origine permettant aux pays de saisir les opportunités offertes par la zone de libre-échange. Certains pays comme l’Afrique du Sud, le Maroc ou la Tunisie ont déjà validé plusieurs produits d’origine. La ZLECAf profite donc davantage aux pays ayant fait adopter certains produits d’origine.
Quelles sont les réelles avancées notées jusque-là ?
Les avancées concernent surtout les produits communautaires, autrefois appelés « produits du cru » ou « produits non transformés », comme le bétail et les produits issus des ressources naturelles. L’autre avancée notable est l’accroissement du nombre de produits agréés aux règles d’origine.
Outre la ZLECAf, comment dynamiser le commerce intra-africain ?
Il serait intéressant de faire des progrès significatifs dans le domaine du commerce des services, qui recèle un grand potentiel. Des projets tels que le Gazoduc Lagos-Rabat et la création d’une compagnie aérienne ou maritime dans les cinq régions africaines pourraient jouer un rôle clé. La fusion des économies de certains pays pour créer des champions, ainsi que le développement de l’industrie des énergies renouvelables, pourraient être des moteurs de croissance structurants pour l’ensemble de l’économie africaine.