Ecobank Mali : Des cadres impliqués dans un vaste scandale de fraude bancaire
✍️Oussouf DIAGOLA

Une enquête du Pôle économique et financier de Bamako a conduit à l’arrestation de plusieurs responsables d’Ecobank Mali, soupçonnés d’avoir validé de fausses garanties bancaires au profit d’entreprises indiennes. Ces manipulations auraient permis le détournement de fonds destinés au projet hydroélectrique de la Centrale de Djenné, financé par la Banque Africaine de Développement.
Plusieurs responsables d’Ecobank Mali ont été placés sous mandat de dépôt par le Pôle économique et financier de Bamako à la suite d’une enquête sur l’émission de messages Swift liés à des garanties bancaires. Ces arrestations, survenues vendredi 7 mars 2025, font suite aux interpellations de certains chefs de projet et de plusieurs cadres de la banque, soupçonnés de faux, d’usage de faux, de blanchiment de capitaux et de complicité avec des entreprises indiennes opérant dans le pays.
L’affaire porte sur la transmission de messages SWIFT relatifs à des garanties financières liées au projet de la Centrale de Djenné, un programme de développement de mini-microcentrales hydroélectriques financé à hauteur de 5,4 milliards de FCFA par la Banque Africaine de Développement (BAD).
Selon l’enquête, des représentants de deux groupements d’entreprises indiennes, MECAMIDIHPP/PRIL et AEEPL-NEPL-SUNCITY, auraient fourni de fausses garanties bancaires, validées illégalement par des cadres de la filiale malienne d’Ecobank. Le coordonnateur du projet et le gérant d’une entreprise locale de génie civil, Civil Engineering Company, sont également mis en cause pour complicité active.
Alertée par un signalement de l’EDM, la justice malienne a mené une enquête rigoureuse, mettant au jour un réseau sophistiqué de fraudes. Les investigations révèlent que les garanties falsifiées, présentées par les entreprises indiennes, ont permis de détourner des fonds destinés à la réalisation des infrastructures. Les cadres d’Ecobank impliqués auraient abusé de leurs fonctions pour valider ces documents illégaux, trahissant ainsi la confiance publique.
Le juge d’instruction Rachelle Dembélé, en charge du 8ᵉ cabinet du Pôle National Économique et Financier, a ordonné, le 7 mars 2025, le placement sous mandat de dépôt de six individus impliqués dans une affaire de faux, d’usage de faux, de détournement de biens publics et de blanchiment de capitaux.