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Désengagement de Société Générale des banques en Afrique : Qui pour reprendre le flambeau ?

Par Jesdias LIKPETE

La Société Générale, l’une des principales institutions bancaires françaises, a amorcé depuis 2023 un retrait progressif de l’Afrique en cédant ses actifs dans plusieurs pays africains.

Les cessions des participations de la Société Générale dans les pays africains s’inscrivent dans la feuille de route stratégique présentée en septembre 2023, visant à simplifier et à optimiser le modèle de la Société Générale tout en renforçant son capital. En détenteur de 57,93 % de Société Générale Guinée, le groupe français a conclu un accord, en septembre 2024, avec Atlantic Financial Group pour la cession de sa participation. Ce dernier reprendra l’ensemble des activités et des collaborateurs de la filiale guinéenne. La transaction, dont la finalisation est attendue d’ici fin mars 2025, devrait avoir, selon la Banque, un impact positif d’environ 2 points de base sur le ratio de solvabilité CET1 du groupe.

Début août déjà, Société Générale avait signé un accord avec la BRED Banque Populaire pour la cession de sa filiale malgache, Société Générale Madagasikara. Comme en Guinée, cette transaction inclut la reprise intégrale des activités, des portefeuilles clients et du personnel par l’acquéreur. Là aussi, la finalisation est prévue pour le premier trimestre 2025, avec un effet similaire sur le ratio CET1.

Cession de quatre filiales à Vista et Coris

En 2023, Société Générale a conclu plusieurs accords de cession pour ses filiales au Congo, en Guinée équatoriale, en Mauritanie et au Tchad. Ces transactions concernent la vente de Société Générale Congo et de Société Générale de Banques en Guinée équatoriale au Groupe Vista, tandis que Société Générale Mauritanie et Société Générale Tchad seront cédées au Groupe Coris.

Le groupe bancaire français détenait respectivement 93,5 %, 57,2 %, 95,5 % et 67,8 % des parts de ces filiales. Avec ces accords, Vista et Coris reprendront l’ensemble des activités, des portefeuilles clients et des collaborateurs de ces entités. Société Générale exprime sa confiance dans la capacité des repreneurs à poursuivre le développement de ces établissements pour le bénéfice des clients et des économies locales.

Un accord avec l’État béninois

Fin juillet 2024, l’État béninois s’était positionné pour reprendre la filiale béninoise, et sa succursale togolaise. L’accord signé prévoit la cession de 93,43 % des parts de Société Générale Bénin, incluant sa succursale Société Générale Togo. Cette transaction englobe la reprise de toutes les activités, des portefeuilles clients ainsi que des collaborateurs de ces entités par l’État béninois.

L’opération, qui devrait être finalisée d’ici la fin du premier trimestre 2025, aura un impact positif de 2 points de base sur le ratio CET1 de Société Générale. Cependant, elle entraînera une charge comptable négative de -25 millions d’euros sur les résultats du troisième trimestre 2024 du groupe.

Société Générale a également engagé une réflexion sur sa participation de 52,34 % au capital de l’Union Internationale de Banques (UIB) en Tunisie. Cette démarche vise à évaluer les différentes options pour permettre à l’UIB d’accélérer son développement tout en maximisant la création de valeur pour ses actionnaires, clients et collaborateurs. Un processus de cession non exclusif est actuellement en cours.

La banque française a par ailleurs conclu un accord avec le Groupe Vista pour la vente de ses parts dans deux autres filiales africaines : Société Générale Burkina Faso (52,6 %) et Banco Société Générale Moçambique (65 %). Comme pour les autres cessions, Vista s’engage à reprendre l’intégralité des activités et des équipes locales.

Une sortie marquante du Maroc

L’accord le plus significatif concerne la cession de Société Générale Marocaine de Banques et de La Marocaine Vie au groupe Saham. Le contrat, déjà approuvé par le conseil d’administration du groupe français, implique un transfert de 57,67 % des parts de Société Générale Maroc, ainsi que de plusieurs filiales, incluant EQDOM, Société Générale de Leasing au Maroc et Sogecapital Bourse.

Cette opération, qui a été finalisée fin 2024, s’effectue pour un montant de 745 millions d’euros. Contrairement aux transactions en Guinée et à Madagascar, elle aura un impact comptable négatif de -75 millions d’euros sur les résultats du premier trimestre 2024 de Société Générale, tout en améliorant son ratio CET1 d’environ 15 points de base.

Slawomir Krupa, directeur général de la Société Générale, s’est montré optimiste sur cette opération : « Société Générale poursuit la mise en œuvre de sa feuille de route à travers ce projet de cession. […] Nous sommes convaincus que la qualité du projet de reprise par le groupe Saham offrira de nouvelles perspectives de développement à ces activités et sera créatrice de valeur pour les clients et les collaborateurs. »

Outre la cession, les deux groupes ont défini les bases d’un partenariat commercial de long terme. Cette collaboration permettrait aux clients corporates de Société Générale présents au Maroc de bénéficier de solutions bancaires locales via Saham. De son côté, le groupe marocain pourrait s’appuyer sur l’expertise de la banque française pour accompagner ses grands clients dans leurs besoins de financement et d’expansion.

Bien avant la présentation du plan stratégique en septembre 2023, Société Générale avait conclu plusieurs accords de cession pour ses filiales au Congo, en Guinée équatoriale, en Mauritanie et au Tchad. Ces transactions concernent la vente de Société Générale Congo et de Société Générale de Banques en Guinée équatoriale au Groupe Vista, tandis que Société Générale Mauritanie et Société Générale Tchad seront cédées au Groupe Coris.

Le groupe bancaire français détenait respectivement 93,5 %, 57,2 %, 95,5 % et 67,8 % des parts de ces filiales. Avec ces accords, Vista et Coris reprendront l’ensemble des activités, des portefeuilles clients et des collaborateurs de ces entités. Dans les communiqués annonçant ces différentes cessions, Société Générale exprime sa confiance dans la capacité des repreneurs à poursuivre le développement de ces établissements pour le bénéfice des clients et des économies locales.

Les perspectives

Au Sénégal, l’État envisage de reprendre le contrôle de Société Générale Sénégal, l’instar du Bénin, une opération dont la valeur est estimée à environ 260 millions d’euros (287,6 millions de dollars) selon Africa Intelligence. Pour mener à bien cette acquisition, plusieurs options sont envisagées, avec une forte probabilité que la Banque nationale pour le développement économique (BNDE) dont l’État détient 81,8 % des parts, soit au centre du processus de reprise.

Toutefois, la filiale sénégalaise de Société Générale représente un poids lourd du secteur bancaire national : avec un total d’actifs de 1 391 milliards de FCFA et une part de marché de 10,8 %, elle se classe en deuxième position, derrière la CBAO, filiale d’Attijariwafa Bank.

Pendant ce temps, en Côte d’Ivoire, la situation de Société Générale est plus délicate. Si la question politique et son influence sur l’UEMOA jouent un rôle important, c’est surtout la valorisation de Société Générale Côte d’Ivoire (SGCI) qui complique toute éventuelle cession. Son prix élevé limite considérablement le nombre de repreneurs potentiels, rendant toute transaction plus incertaine.