Dégradation de la Note de crédit d’Afreximbank par Fitch : l’institution financière africaine riposte

La Banque africaine d’Import-Export (Afreximbank) dénonce une interprétation erronée de son cadre juridique et conteste la dégradation de sa note par Fitch Ratings.
Par Ronie Floride AGAMMA
Le torchon brûle entre la Banque africaine d’Import-Export (Afreximbank) et l’agence de notation financière Fitch Ratings. Après la dégradation, le 4 juin dernier, de sa note de crédit de BBB à BBB avec perspectives négatives, l’institution financière a vivement réagi. Dans un communiqué publié mardi 10 juin 2025, elle dénonce une interprétation erronée de son cadre juridique et une lecture inexacte de ses risques financiers.
Dans son communiqué, Afreximbank affirme fonctionner selon des normes très strictes de transparence financière. « Les états financiers de la Banque sont strictement conformes aux Normes Internationales d’Information Financière (IFRS), notamment la norme IFRS 9. Cette norme régit la classification et la gradation des performances des prêts, y compris le traitement des prêts non performants, entre autres aspects », a précisé la banque.
Elle précise que l’application de la norme IFRS 9 est expliquée de manière exhaustive dans ses états financiers 2024, et renforcée par le rapport de ses auditeurs externes. Le rapport de notation du 4 juin 2025 reconnaît d’ailleurs que « la définition des prêts non performants (NPLs) par Fitch diffère de l’approche de la Banque, qui fait usage d’informations prospectives ».
Afreximbank souligne également que, dans le contexte africain, elle opère avec un niveau élevé de garanties et des mécanismes solides d’atténuation du risque de crédit. Elle indique avoir déjà constitué des provisions significatives sur certaines expositions souveraines, limitant ainsi l’impact potentiel de tout choc financier.
L’institution met aussi en avant les éléments positifs relevés par Fitch, comme sa forte capitalisation, avec un « solide ratio fonds propres/actifs et garanties », et une « excellente capacité de génération interne de capital ». L’agence juge par ailleurs que le risque de concentration est « faible », et évalue sa liquidité à « a », soulignant la « grande qualité des actifs de trésorerie » de la Banque. Des indicateurs qui, selon Afreximbank, attestent de sa solidité et de la robustesse de son dispositif de gestion des risques.
Concernant la perspective « négative » liée à un possible risque de restructuration de dettes souveraines, Afreximbank réfute catégoriquement cette évaluation. Elle estime que cette interprétation repose sur une lecture erronée, parfois relayée, selon laquelle le traité fondateur de la banque — signé par ses 53 États africains participants — pourrait être enfreint sans conséquences. L’institution rappelle que cet accord constitue un véritable traité international entre les États membres et la banque.
Dans cette logique, elle réaffirme qu’elle ne participera à aucune négociation de restructuration de dettes concernant ses pays membres, une position qu’elle considère comme conforme à son traité constitutif.
« Le traitement de ses prêts et de ses autres activités est régi par ce traité, et non par des classifications établies en dehors de ce cadre », a-t-elle indiqué.
Enfin, Afreximbank conclut en assurant que sa résilience financière repose sur une gouvernance rigoureuse, un engagement constant envers l’excellence et un attachement indéfectible à l’Afrique. Elle se dit résolument déterminée à accompagner ses pays membres dans la gestion de leurs défis économiques, tout en soutenant une croissance fondée sur le commerce, le développement et la stabilité macroéconomique.