Crise énergétique : la Zambie et le Zimbabwe relancent le projet hydroélectrique de Batoka Gorge
Par Nel Charbel KOFFI

Face à la récurrence des délestages électriques et à l’effondrement de la production hydroélectrique, la Zambie et le Zimbabwe relancent le projet du barrage hydroélectrique de Batoka Gorge, d’un coût estimé à 5 milliards de dollars. Cette infrastructure vise à répondre à une crise énergétique chronique, causée par la baisse critique du niveau du barrage de Kariba et les effets persistants du phénomène El Niño.
Dans les deux pays, les coupures de courant atteignent des niveaux alarmants : jusqu’à 20 heures par jour à Lusaka, la capitale zambienne, avec des pertes économiques estimées à 1,3 milliard de dollars en 2024. Au Zimbabwe, les délestages dépassent les 18 heures quotidiennes, et la centrale de Kariba South a vu sa production chuter de plus de 80 % depuis fin 2023. Cette situation pousse des millions de foyers à se tourner vers le bois ou le gaz pour leurs besoins domestiques.
Initialement lancé dans les années 2010, le projet Batoka Gorge Hydro Electric Scheme (BGHES) avait été mis en veille en raison de la pandémie de Covid-19 et des controverses entourant l’attribution du contrat à General Electric et Power Construction Corp. of China. En 2023, la Zambie s’en est officiellement retirée, dénonçant un manque de transparence.
Dans un contexte énergétique critique, les deux gouvernements ont décidé de repartir sur de nouvelles bases. L’Autorité du fleuve Zambèze (ZRA), organe conjoint des deux pays chargé de la gestion du barrage de Kariba, a reçu mandat pour rechercher de nouveaux investisseurs et relancer le processus par appel d’offres d’ici septembre 2025.
« L’objectif est de mobiliser les ressources nécessaires dans un délai de 12 à 18 mois, sous réserve de la confiance des investisseurs, des conditions de marché et du soutien bilatéral », a déclaré Munyaradzi Munodawafa, directeur général de la ZRA, cité par Bloomberg.
Le projet prévoit la construction d’une centrale d’une capacité de 2 400 MW, répartie équitablement entre les deux pays. Une fois achevé, Batoka Gorge pourrait significativement alléger la pression sur le barrage de Kariba, aujourd’hui à un niveau historiquement bas.