Conférence sur la dette des pays africains : D’importantes résolutions prises à Lomé
Par Mahugnon SINGBO

L’Union Africaine (UA) a tenu, du 12 au 14 mai 2025, sa première conférence sur la dette des pays africains sous le thème « L’agenda africain de gestion de la dette publique : restaurer et préserver la viabilité de la dette ». À l’issue de ces trois jours d’échanges, d’importantes résolutions ont été prises par les nombreux participants.
Bien que le ratio moyen de la dette par rapport au PIB de l’Afrique doive diminuer à 60 % en 2025, le continent se heurte à une crise de la dette croissante. Selon le Cadre de viabilité de la dette (CVD), récemment publié par le FMI et la Banque mondiale, le nombre de pays africains en difficulté liée à la dette, ou à haut risque de surendettement, a augmenté, passant de 9 en 2012 à 25 en 2024. Cette envolée représente un défi considérable, car l’augmentation des coûts de la dette absorbe excessivement les ressources publiques nécessaires au développement.
Face à cette situation, les finances publiques des États africains sont de plus en plus sous pression en raison, entre autres, de la montée des charges d’intérêt de la dette, du coût élevé des importations de produits alimentaires et d’énergie. L’accroissement de la dette publique et des remboursements d’intérêts représente un frein au développement et à l’atteinte des objectifs de développement durable (« ODD ») et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (« UA »), car cela limite la capacité des gouvernements à investir dans des services essentiels comme la santé et l’éducation. Par exemple, selon un rapport du PNUD publié en 2023, plus de 30 pays africains allouent actuellement davantage de ressources au service de la dette qu’à la santé. Selon des estimations fiables concernant les besoins de financement en Afrique, le continent nécessiterait entre 1 300 et 1 600 milliards de dollars supplémentaires pour atteindre les ODD ainsi que les ambitions de l’Agenda 2063.
Ainsi, il était important d’unir les forces afin de relever ce défi qui se dresse devant chaque État endetté, d’où l’organisation de cette première conférence, qui a pour but essentiel de définir des principes directeurs à adopter par les États membres de l’Union africaine dans leur gestion quotidienne de la dette.
L’objectif de la conférence
L’objectif général de la Conférence de l’UA sur la dette est de créer une plateforme de discussions de haut niveau entre les responsables politiques des États membres de l’UA, les partenaires de développement et les principales parties prenantes, en vue de renforcer l’efficience, la transparence et la responsabilité de la gestion de la dette publique à l’échelle du continent. En partageant les meilleures pratiques, en faisant face aux défis et en explorant des approches innovantes, la Conférence vise à proposer des stratégies qui, à leur tour, permettront de renforcer la gestion de la dette publique, d’améliorer la mobilisation des ressources, de garantir une allocation efficace et efficiente des moyens disponibles et, in fine, de renforcer la responsabilité et la transparence au service d’une croissance inclusive et d’un développement durable.
Ainsi, durant trois jours, plusieurs chefs d’État, ministres des Finances, gouverneurs des banques centrales, partenaires au développement et représentants de la société civile se sont attelés à trouver les solutions idoines afin de remédier à la situation. Cette conférence, qui a réuni plus de 500 participants venus d’une vingtaine de pays, est assortie de la Déclaration de Lomé, qui fait le point des engagements pris. Elle inclut des actions à entreprendre pour remédier aux problèmes d’endettement actuels des États, des actions à réaliser pour attirer de nouveaux financements, des pratiques de gestion de la dette saines, un mécanisme légalement contraignant pour la résolution de la dette ainsi que la restructuration de celle-ci. La Conférence réaffirme la volonté des acteurs de plaider en faveur de l’annulation de la dette, tenant compte de l’incapacité de certains pays africains à satisfaire les obligations liées à leur endettement.
Entre autres, l’Institut monétaire africain (IMA) sera créé pour la restructuration de la dette. L’objectif est de renforcer la stabilité financière de l’Afrique. Par ailleurs, la conférence plaide pour une réforme « forte et profonde de l’architecture de la dette mondiale par la mise en place d’une Convention-cadre des Nations Unies sur la dette souveraine ». Pour rappel, la dette des pays africains avoisine les 1 860 milliards de dollars US, contre 1 000 il y a dix ans. Le ratio moyen dette/PIB est de 66,7 % aujourd’hui, contre 44,4 % en 2015, et plus de 20 pays africains sont désormais en situation de surendettement ou en sont proches.