Compétitivité-prix : La CEMAC chute au troisième trimestre 2024
✍️Par Jesdias LIKPETE

Le dernier rapport de la BEAC révèle une détérioration continue de la compétitivité-prix des économies de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) au troisième trimestre 2024. L’indicateur clé, le taux de change effectif réel (TCER), s’est apprécié de 1,4 %, reflétant des pertes de positions concurrentielles sur les marchés internationaux.
Les économies de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) traversent une période difficile en matière de compétitivité-prix. Selon le dernier rapport de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), le taux de change effectif réel (TCER), un indicateur clé de la compétitivité des pays, s’est encore dégradé au troisième trimestre 2024, avec une hausse de 1,4 %. En effet, depuis début de l’année 2024, cet indicateur est en hausse constante, soit +0,8 % au premier trimestre, +0,6 % au deuxième trimestre, et maintenant +1,4 % au troisième trimestre. Une telle situation reflète la perte de compétitivité sur les marchés internationaux, tant pour les exportations que pour les importations, que connaissent les six pays membres (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine et Tchad).
Plusieurs facteurs expliquent cette mauvaise performance. En premier lieu, il y a le franc CFA. La monnaie commune de la CEMAC s’est appréciée par rapport à des devises majeures comme le dollar américain (+3,1 %), le yuan chinois (+1,5 %) ou l’euro (+1,1 %). Cette appréciation a rendu les produits de la région plus coûteux sur les marchés internationaux, pénalisant de fait les exportateurs de la région.
De plus, même si l’inflation dans la CEMAC est restée relativement faible (1,3 % en moyenne au troisième trimestre 2024, contre 1,4 % chez les partenaires commerciaux), cet avantage n’a pas suffi à compenser l’impact négatif des fluctuations des taux de change.
Par ailleurs, les exportations hors pétrole et gaz, représentant une part plus diversifiée et concurrentielle de l’économie, ont vu leur compétitivité se réduire, avec une hausse du TCER de 1,3 %. Les importations ont suivi une tendance similaire, augmentant également de 1,4 %, ce qui complique encore plus la situation pour les entreprises locales.
Des disparités entre les pays de la région
Selon le rapport de la BEAC, les effets de cette perte de compétitivité ne sont pas identiques dans tous les pays de la CEMAC. Les plus touchés sont le Cameroun avec une hausse de +1,5 % et la Guinée équatoriale de +2,8 %). À l’inverse, des améliorations notables ont été observées en République centrafricaine (-1,7 %) et au Congo (-0,7 %). Cette hétérogénéité reflète des différences dans les structures économiques et les politiques menées par chaque pays. Quant au Congo et la République centrafricaine, ils ont enregris (-1,7 %) ont vu leur compétitivité-prix s’améliorer légèrement.
Selon le rapport, la tendance pourrait s’atténuer au quatrième trimestre 2024. L’euro, auquel le franc CFA est arrimé, devrait faiblir face à d’autres devises comme le dollar, ce qui pourrait redonner un peu d’air aux économies de la région. Cependant, la baisse de l’inflation mondiale, due aux politiques monétaires restrictives, pourrait réduire l’avantage concurrentiel de la CEMAC en matière d’inflation.