Centrafrique : Le FMI exige des réformes avant déblocage de la dernière tranche de l’aide à la Facilité élargie de crédit
✍️Par Kevin da SILVA

Une délégation du Fonds monétaire international (FMI) effectue une visite de travail en Centrafrique depuis le 9 janvier. Cette mission, qui s’achève le 16 janvier, s’inscrit dans le cadre des discussions sur le déblocage de la dernière tranche de l’aide prévue par la facilité élargie de crédit 2023-2026.
Depuis son arrivée, la délégation, dirigée par Albert Touna Mama, chef de mission du FMI en Centrafrique, et Samba Mbaye, représentant résident à Bangui, a multiplié les entretiens avec les responsables centrafricains, notamment le ministre des Finances, Hervé Ndoba, ainsi que des représentants du secteur privé. Les économistes Georges Hatcherian, Patrick-Nelson D. Essiane et Youssouf Kiendrebeogo, issus du département Afrique du FMI, accompagnés de Madjiyam Herve Bangrim Kibassim, conseiller de l’administrateur, participent également à cette mission.
L’exécution des budgets 2024 et 2025 a d’abord été examinée avec le ministère des Finances et le Trésor public, suivie de réunions techniques organisées le 10 janvier. Les discussions, axées sur le marché des carburants, ont réuni les cadres de la Société centrafricaine de stockage des produits pétroliers (Socasp).
Le secteur des hydrocarbures représente un enjeu stratégique pour l’économie centrafricaine. Cependant, ce secteur reste confronté à des problèmes structurels. Le FMI s’inquiète notamment de l’opacité entourant le contrat accordant à la société camerounaise Neptune Oil un monopole de facto sur l’importation de produits pétroliers. Les prix pratiqués par cette entreprise, jugés excessivement élevés, constituent une menace économique majeure. Le déblocage de la dernière tranche d’aide est conditionné à la mise en œuvre de réformes dans ce secteur, notamment une plus grande transparence des contrats. Lors de cette mission, le FMI entend accéder au contrat liant Neptune Oil à l’État centrafricain et vérifier sa conformité avec les engagements précédents.
Les autres questions abordées au cours de cette mission concernent l’application du plafond de 35 % sur les marges des importateurs et une évaluation des stocks et des volumes d’importation. La délégation du FMI prévoit également des rencontres avec plusieurs acteurs clés du marché des carburants. Parmi eux, Tradex, actionnaire à 15 % de la Socasp, et Tamoil RCA, filiale de Rochefort International, qui entretient des relations tendues avec le gouvernement centrafricain. Une entrevue avec un représentant de Neptune Oil est envisagée, bien qu’incertaine.