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Célestin Tawamba, le président du Groupement des entrepreneurs camerounais

Par Jos Blaise MBANGA KACK

L’année qui s’achève a été marquée par des succès remarquables pour le propriétaire de Cadyst Consumer Group. Tout lui a réussi. Il devient le patron d’un patronat en pleine mutation, désormais rebaptisé, et acquiert deux fleurons du groupe Somdiaa dans deux pays importants, à savoir le Congo-Brazzaville et le Cameroun. L’année 2025 s’annonce sous d’heureux auspices pour Célestin Tawamba.

Le patron des patrons camerounais, Célestin Tawamba, par ailleurs président du groupe Cadyst, étend son empire en rachetant deux des quatre minoteries mises en vente par le groupe français Somdiaa, une filiale du géant Castel. Cet exploit, réalisé au terme d’une compétition très serrée, positionne incontestablement son groupe parmi les leaders de l’industrie meunière camerounaise et fait de lui un acteur incontournable en Afrique centrale.

« Cette acquisition représente une opportunité unique pour accélérer notre stratégie de développement panafricain grâce à l’intégration d’un outil industriel et de ressources humaines performantes et de grande qualité. Nous sommes honorés de la reconnaissance par le groupe Somdiaa de notre savoir-faire industriel et commercial, ainsi que de notre capacité à garantir le développement de ces deux sociétés », déclarait Célestin Tawamba à juste titre.

Plus haut, plus fort

Le groupe français, qui vient ainsi de se défaire de deux de ses unités de production pour des raisons d’évolution du périmètre des activités de sa filiale Somdiaa, et de recentrage de ses opérations sur les métiers de l’agriculture et de la première transformation en Afrique, est Castel. Grand producteur, entre autres, de sucre dans la sous-région, il a cédé, via la Société le Grand Moulin du Cameroun (SGMC) et la Société le Grand Moulin du Phare (SGMP), ses unités de production de farine de blé au Cameroun et au Congo à Cadyst Consumer Group.

L’acquisition de ces deux minoteries, combinée à l’investissement réalisé l’an dernier dans une nouvelle minoterie à Kribi, cité balnéaire du Cameroun, porte la capacité de production journalière du groupe à environ 1 120 tonnes. Ce tableau de chasse renforce la position de Cadyst Consumer Group, dont le promoteur, Célestin Tawamba, s’est donné pour mission de « nourrir et soigner les populations africaines à moins d’un dollar par jour ». Une ambition noble pour ce quinquagénaire, diplômé de Dauphine et de HEC Paris, qui écrit sa légende depuis 2001, année de création de son groupe.

Décrit par la plupart de ceux qui le côtoient comme un travailleur acharné et fonceur, repoussant toujours ses limites, Tawamba a rapidement gravi les échelons. Dès 2005, il a renforcé sa position en rachetant un atelier de pâtes alimentaires, Panzani, marquant le début de son ascension fulgurante.

Un patron discret mais déterminé

Célestin Tawamba c’est l’histoire d’un chef d’entreprise d’une grande discrétion. Ses collaborateurs le décrivent comme un manager moderne et déterminé à réussir tout ce qu’il entreprend. Toujours vêtu en costume-cravate, avec ses lunettes rondes à monture dorée, il est d’un air avenant et d’un contact facile, une fois son interlocuteur identifié. Avec lui, le vouvoiement est de rigueur, ce qui lui confère une aura aristocratique.

Farouchement opposé au « bling-bling », cet infatigable bosseur conduit des voitures modestes que certains jugeraient, à tort ou à raison, inadaptées à son rang social. Simple et fidèle en amitié, il est décrit par ses proches comme un homme attentif, toujours prêt à prendre des nouvelles, même avec un emploi du temps chargé. Humble et compatissant, il n’hésite pas à se montrer solidaire, comme lors des obsèques de l’épouse de son ami Nana Payong, publicitaire renommé.

À Yaoundé, Tawamba reste fidèle à ses habitudes. Il séjourne systématiquement à l’hôtel Hilton et déjeune au même restaurant, où il a son rond de serviette. En fin d’après-midi, il lui arrive de siroter un café en compagnie de ses associés ou de personnalités des affaires autour de la piscine de l’hôtel.

Ambitieux et courageux

Élu à la tête du Groupement des Entrepreneurs Camerounais (Gecam), né de la fusion du Gicam, de l’Ecam, du Mecam, et d’autres mini-patronats, Célestin Tawamba a placé son mandat sous le slogan : « Le Gecam pour une fondation en béton ». Son élection, lui que très peu de personnes voyaient venir, a été facilitée, malgré une assemblée générale houleuse, par le rôle déterminant joué par Protais Ayagma, président du Mecam, qui a soutenu la fusion.

Le président du Patronat camerounais sait défendre les intérêts de ses pairs quitte à défourailler sec. En 2020, Tawamba a défendu avec vigueur les intérêts de ses pairs contre un régime fiscal jugé défavorable. Il avait alors adressé une lettre critique au chef de l’État, une initiative largement relayée par la presse. Aujourd’hui, il milite pour une pause fiscale en 2025 et pour la rénovation des infrastructures aéroportuaires du Cameroun.

Lors d’une récente rencontre dans un hôtel de Yaoundé, accompagné de Maître Charles Tchoungang, Célestin Tawamba affichait un sourire radieux. À la question de savoir comment il allait, il a répondu avec optimisme « Je ne peux pas me porter mieux en cette période. Le meilleur reste à venir ; tout ceci n’est que le début d’un long processus, et il y a encore des espaces à conquérir. »