Bénin : Croissance solide, mais des recettes fiscales encore à renforcer selon la Banque mondiale

Le Bénin affiche une croissance économique record mais doit encore muscler ses finances publiques pour réduire durablement la pauvreté. C’est l’essentiel du message contenu dans le 3ᵉ Rapport sur les perspectives économiques du Bénin publié par la Banque mondiale, jeudi 17 juillet 2025 à Cotonou.
Par Jesdias LIKPETE
Intitulé « Accroître la mobilisation des recettes intérieures tout en protégeant les pauvres », le rapport salue les performances économiques récentes du pays. La croissance a atteint 7,5 % en 2024, un sommet jamais égalé depuis 1990, tirée par les secteurs des services et de l’industrie. Dans la foulée, la pauvreté a reculé de 2,2 points, passant de 33,2 % en 2023 à 31 % en 2024.
Ce dynamisme s’accompagne d’un assainissement des finances publiques. Le Bénin a ramené son déficit budgétaire à 3 %, respectant ainsi les critères de convergence de l’Uemoa, et a réduit son endettement. Des performances qui, selon la Banque mondiale, confortent la stabilité macroéconomique du pays. Mieux, avec la montée en puissance de la zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz), le Bénin se positionne pour intégrer les chaînes de valeur mondiales.
Pour les années à venir, la Banque mondiale table sur une croissance moyenne de 7,1 % entre 2025 et 2027. L’inflation modérée devrait accompagner cette trajectoire et permettre de faire reculer la pauvreté à 22,3 % d’ici 2027.
« La poursuite des efforts de mobilisation des ressources intérieures et un rééquilibrage de la composition de la dette en faveur de la dette intérieure devraient permettre au Bénin de maintenir sa stabilité macroéconomique, déterminante pour attirer les investissements privés et soutenir la transformation économique en cours », analyse Mamadou Tanou Baldé, économiste à la Banque mondiale et auteur principal du rapport.
Des recettes fiscales en hausse, mais encore en deçà du potentiel
Le rapport pointe cependant une faiblesse persistante : la mobilisation des recettes fiscales, malgré des progrès notables. Grâce à la simplification de la fiscalité et à la digitalisation des procédures de recouvrement, les recettes fiscales sont passées de 9,2 % du PIB en 2016 à 13,2 % en 2024. Une progression solide mais qui reste inférieure à celle de pays comparables.
Cette capacité à lever des ressources est pourtant stratégique pour financer le développement du pays. La Banque mondiale estime qu’en combinant une fiscalité plus progressive et des transferts sociaux mieux ciblés, le Bénin pourrait sortir plus de 100 000 personnes de la pauvreté chaque année, tout en consolidant ses recettes.
« Pour améliorer la situation, le Bénin devrait s’attacher à renforcer les filets de protection sociale, à mettre en œuvre une fiscalité plus progressive et à augmenter les dépenses sociales plus ciblées vers les plus pauvres afin d’améliorer l’impact redistributif de ses politiques budgétaires », recommande Arthur Alik-Lagrange, économiste principal à la Banque mondiale et co-auteur du rapport.