Afrique : une croissance modeste mais sous pression, selon l’ONU
✍️Par Jesdias LIKPETE

Selon le rapport des Nations unies sur la situation et les perspectives de l’économie mondiale (WESP) 2025, rendu public le dimanche 9 février 2025, l’Afrique connaîtra une croissance modérée en 2025, atteignant 3,7 %, puis 4,0 % en 2026. Portée par le rebond des grandes économies, cette embellie reste fragile, freinée par des contraintes budgétaires, la dette et des facteurs internes et externes.
L’amélioration des perspectives repose sur plusieurs dynamiques positives, notamment dans le secteur électrique en Afrique du Sud, l’assouplissement des conditions financières et la reprise du tourisme international. Néanmoins, ces avancées, explique l’Onu dans son rapport, se heurtent à des obstacles tels que le poids croissant du service de la dette, l’intensification des tensions géopolitiques et une vulnérabilité persistante aux chocs climatiques.
« Les pays ne peuvent pas ignorer ces dangers. Dans notre économie interconnectée, les chocs d’un côté du monde font monter les prix de l’autre. Chaque pays est concerné et doit faire partie de la solution – en s’appuyant sur les progrès réalisés », souligne António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies.
Par ailleurs, les finances publiques africaines sont mises à rude épreuve, souligne le rapport. Et pour cause ! L’endettement extérieur atteint des sommets, avec des paiements d’intérêts représentant plus de 25 % des recettes publiques dans des pays comme l’Angola, l’Égypte, le Ghana, le Kenya, le Malawi et le Nigeria. Pour l’Onu, si des initiatives de restructuration de la dette, à l’instar de celles du Ghana et de la Zambie, apportent un certain répit, elles ne suffisent pas à garantir la viabilité budgétaire sur le long terme. Pire encore, les réformes budgétaires nécessaires à la correction du tir suscitent des tensions sociales.
Un commerce sous pression
Le secteur des exportations africaines connaît des tendances divergentes. La hausse des prix de l’or bénéficie aux grands producteurs comme le Ghana et l’Afrique du Sud, mais la baisse attendue des cours des matières premières pourrait nuire aux économies dépendantes des ressources. Par ailleurs, le document relève que la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) progresse, bien que des obstacles subsistent. En effet, l’essor du commerce intra-africain reste entravé par des barrières logistiques et réglementaires, freinant le plein potentiel de cette initiative majeure, déplorent les auteurs du rapport.
D’un autre côté, il est à souligner que l’année 2024 a été marquée par une multiplication des phénomènes climatiques extrêmes, exacerbant l’insécurité alimentaire et fragilisant les infrastructures hydroélectriques. À ce titre, le rapport de l’Onu souligne que la baisse des rendements agricoles en raison des sécheresses accroît la dépendance aux importations alimentaires, maintenant les prix élevés dans plusieurs régions. En conséquence, et ce en dépit des efforts d’adaptation, l’aide internationale peine à suivre le rythme des besoins croissants, exposant le continent à des risques accrus.
Les minéraux essentiels, un levier pour l’avenir
Les Nations unies mettent en avant le potentiel stratégique des minéraux critiques – lithium, cobalt, terres rares – pour accélérer la transition énergétique et renforcer le développement durable en Afrique. Toutefois, la gestion de ces ressources pose des défis considérables, indique le rapport. Entre autres défis, il y a les risques environnementaux, les mauvaises conditions de travail et la volatilité des marchés. L’extraction minière non régulée peut aussi aggraver les inégalités économiques et sociales.
« Les minerais essentiels ont un immense potentiel pour accélérer le développement durable, mais seulement s’ils sont gérés de manière responsable », prévient Li Junhua, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires économiques et sociales. Il appelle à des politiques transparentes garantissant un partage équitable des bénéfices et des investissements soutenant la transformation locale des matières premières.