Afrique du Sud : le FMI salue la résilience mais pointe de lourds défis structurels

Dans ses conclusions de la dernière mission 2025, le Fonds monétaire international dresse un portrait contrasté de l’économie sud-africaine. Si la résilience face aux chocs mondiaux est reconnue, la croissance reste modeste, freinée par des obstacles internes persistants et des risques baissiers qui assombrissent les perspectives.
Par Bacary DABO
Malgré un contexte international marqué par le protectionnisme et une forte incertitude politique, l’économie sud-africaine a fait preuve d’une capacité de résistance notable. Selon le rapport du FMI, cette solidité repose sur des fondamentaux tels qu’une richesse minérale abondante, des institutions indépendantes, un cadre crédible de ciblage de l’inflation et un régime de change flexible.
Le FMI souligne que des développements politiques récents ont renforcé la confiance des marchés. Le passage à un objectif d’inflation plus bas et la sortie de la « liste grise » du Groupe d’action financière (GAFI) ont envoyé des signaux positifs. L’institution estime que ces avancées, ajoutées à l’engagement du gouvernement pour stabiliser la dette, ont contribué au relèvement de la note de crédit du pays, apportant une bouffée d’air aux investisseurs.
L’optimisme reste toutefois mesuré. Le FMI table sur une croissance du PIB de 1,3 % en 2025 et 1,4 % en 2026, principalement soutenue par la consommation privée. À moyen terme, les réformes dans l’électricité et la logistique pourraient porter la croissance à 1,8 % d’ici la fin de la décennie.
Néanmoins, le rapport rappelle que le véritable potentiel de l’Afrique du Sud demeure limité par des « obstacles persistants ». La liste est longue : rigidités des marchés des biens et du travail, faiblesses de la gouvernance, disparités territoriales, infrastructures insuffisantes et dette publique élevée. Autant de contraintes structurelles qui freinent la capacité du pays à rebondir après les chocs et à créer les emplois nécessaires.
« Des obstacles persistants […] limitent la capacité de l’économie à rebondir fortement après les chocs, à créer les emplois nécessaires et à atteindre son véritable potentiel de croissance. »
Un horizon chargé de risques
L’analyse du FMI met en avant des risques principalement orientés à la baisse. Sur le plan externe, un ralentissement de l’activité mondiale, une escalade géopolitique ou une correction brutale des marchés financiers pourraient peser fortement sur les exportations et accroître la volatilité des flux de capitaux.
À l’intérieur, les vulnérabilités ne sont pas moindres. Le coût de la désinflation pourrait freiner l’activité à court terme, tandis qu’un rythme trop lent dans la mise en œuvre des réformes structurelles risquerait d’aggraver les contraintes d’offre et de pénaliser la croissance à moyen terme.
Le message du Fonds est clair : sans réformes ambitieuses et rapides, la reprise restera fragile. Le FMI note toutefois qu’une accélération des réformes, combinée à une amélioration de la demande mondiale, pourrait renforcer la confiance et soutenir l’investissement, ouvrant la voie à une croissance plus solide.