Afrique de l’Ouest : La contrebande de noix de cajou tue l’industrie
Par Mahugnon SINGBO

En Afrique de l’Ouest, la contrebande de noix de cajou est une véritable gangrène pour le développement de l’industrie de la transformation. C’est ce qu’on peut retenir de l’interview accordée par Jim Fitzpatrick, expert mondial de la filière, à l’agence Ecofin.
Aujourd’hui, plus que jamais, les pays de l’Afrique de l’Ouest doivent marcher d’un même pas pour éradiquer l’informel, qui constitue un frein à l’éclosion des réformes entreprises par les différents États. L’exemple de la filière de l’anacarde illustre la nécessité d’une synergie dans les actions pour obtenir un résultat positif. C’est l’une des conclusions tirées de l’analyse faite par Jim Fitzpatrick. Sans harmonie et coordination, tous les pays concernés se retrouveront confrontés à d’importantes pertes fiscales.
Prenant l’exemple du Bénin, l’expert mondial de la noix de cajou a expliqué la menace qui plane sur la filière. En 2024, le gouvernement a interdit les exportations brutes de noix de cajou. Une décision qui a eu l’effet inverse de celui escompté par l’État béninois. Elle a, au contraire, limité les producteurs à un seul débouché et favorisé l’informel vers les pays voisins comme le Togo et le Nigeria. « Le gouvernement béninois ne perçoit pas de taxes à l’exportation et les producteurs, en général, reçoivent des prix plus bas. En 2024, l’Inde et le Vietnam ont déclaré avoir importé 224 000 tonnes de noix de cajou en provenance du Togo, soit environ neuf fois la production réelle de ce pays », explique M. Fitzpatrick.
Des propos illustrés par certains chiffres qui devraient faire réfléchir les autorités des pays d’Afrique de l’Ouest producteurs de noix de cajou. « En 2024, l’Inde et le Vietnam ont importé 475 000 tonnes de noix brutes déclarées comme provenant du Ghana, alors que la production ghanéenne réelle était de 150 000 à 160 000 tonnes. Une partie importante de ces noix provient du Burkina Faso, du Mali et de la Côte d’Ivoire, transportées vers les ports ghanéens. En Côte d’Ivoire, bien que l’exportation par route soit interdite, on estime que 50 000 à 150 000 tonnes ont été vendues clandestinement au Ghana en 2024 en raison des flux transfrontaliers », indique l’expert.