Afrique de l’Ouest et du Centre : Cinq pays en partenariat pour accélérer la transition agroécologique
Par Boubacar GASSAMA

Le Sénégal, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Cameroun et le Bénin se regroupent au sein d’un consortium sous-régional pour mener une transition agroécologique durable en Afrique de l’Ouest et du Centre. Financé à hauteur de cinq millions d’euros, soit plus de trois milliards de FCFA par l’Union européenne, le projet est porté par le CORAF, avec le soutien du CIRAD, de Catholic Relief Services et des universités publiques des pays susmentionnés.
Dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, les politiques agricoles mises en place au lendemain des indépendances, dans les années 1960, se sont largement inspirées des modèles occidentaux issus de la révolution verte. L’agriculture conventionnelle, malgré les ressources importantes qui lui sont allouées, peine à répondre aux besoins alimentaires de la population et contribue à la dégradation des sols ainsi qu’à l’érosion de la biodiversité. D’où la nécessité d’adopter un modèle de production plus durable et respectueux des écosystèmes.
C’est dans ce contexte qu’a vu le jour, le 4 février 2025 à Dakar, le Réseau en agroécologie pour promouvoir la durabilité des systèmes alimentaires en Afrique de l’Ouest et du Centre (Radius). Ce consortium, porté par le CORAF en partenariat avec l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le CIRAD, Catholic Relief Services (CRS), l’Université Joseph Ki-Zerbo du Burkina Faso, l’Université Félix Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire, ainsi que l’Institut de recherche agricole pour le développement du Cameroun et l’Institut de recherche sur le coton du Bénin, a pour objectif d’accompagner la transition agroécologique des exploitations agricoles afin de renforcer la sécurité économique, alimentaire et nutritionnelle dans la région.
« Le niveau d’insécurité alimentaire dans nos pays est insupportable. C’est pour cela que nous conjuguons nos efforts pour voir comment relever le défi », a indiqué le directeur exécutif du CORAF.
Dr Moumini Savadogo estime qu’en adoptant cette démarche, les acteurs relèvent le défi du moment tout en préservant la base productive qui constituera l’avenir. D’où l’importance centrale accordée à la santé des sols dans ce projet. En effet, la sous-région est confrontée à des défis majeurs tels que le changement climatique, la dégradation des sols et la perte de biodiversité, qui affectent directement la productivité agricole et la sécurité alimentaire. « Il est impératif que nous adoptions des pratiques agricoles durables et respectueuses de l’environnement telles que l’agroécologie », a souligné le Dr Modou Fall Guèye, directeur du Centre d’éducation et de formation environnementale du Sénégal. Une approche qui favorise la biodiversité, régénère les sols et réduit l’utilisation des pesticides et engrais chimiques.
Un modèle d’intégration
Le projet RADIUS constitue une plateforme de collaboration scientifique qui permet de développer des solutions agroécologiques durables et inclusives face aux défis environnementaux et économiques actuels. « C’est un modèle d’intégration de la recherche pour accompagner la transition écologique en Afrique de manière efficace et durable », explique Mme Aminata Niang Diène. Selon elle, ce consortium incarne la vision d’une collaboration sous-régionale renforcée et d’une synergie entre la recherche et les services de l’Union européenne. À long terme, le projet Radius contribuera significativement à la transformation des systèmes agricoles en Afrique de l’Ouest et du Centre en apportant des solutions concrètes aux défis actuels.
Afin d’atteindre les objectifs fixés, les différentes organisations et chercheurs engagés dans ce projet travailleront en étroite collaboration avec les agriculteurs, assurant ainsi une co-construction des connaissances et une appropriation des technologies par les principaux bénéficiaires.
Les universités exploiteront les innovations et technologies stockées dans la base de données du CORAF pour renforcer la formation académique, notamment celle des jeunes. L’entrepreneuriat rural des jeunes diplômés constitue l’objectif final.