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Cameroun : L’État sollicite la Banque islamique pour relancer son projet de logements sociaux

Ville de Yaoundé, capitale du Cameroun
Ville de Yaoundé, capitale du Cameroun

Face aux retards accumulés dans son programme de logements sociaux, le Cameroun sollicite l’appui financier de la Banque islamique de développement (BID). Annoncé en janvier 2024, ce projet prévoyait la construction de 3 000 logements pour un montant total de 453 milliards de FCFA, mais aucun chantier n’a véritablement démarré à ce jour.

Par Dorcas Davier AHOUANGAN

Lors d’une interview diffusée le 9 septembre 2025 sur la radio nationale, Ahmadou Sardaouna, directeur général de la Société immobilière du Cameroun (SIC), a confirmé que des discussions étaient en cours avec la BID pour obtenir des financements permettant de lancer les travaux, notamment sur le site de Nlonkak à Yaoundé, où 1 500 logements sont prévus. Aucun détail n’a été communiqué concernant le montant sollicité ou les modalités de financement envisagées.

Le projet a déjà connu plusieurs revers. Le site de la Cité Verte à Yaoundé, initialement prévu pour accueillir 291 logements, a dû être abandonné en 2024 en raison de conflits fonciers. Les autres sites à Maroua (432 logements), Garoua (538 logements) et Sangmélima (276 logements) sont toujours à l’arrêt, faute de financements suffisants et en raison de difficultés techniques.

À Garoua, par exemple, seuls 110 logements ont fait l’objet d’un appel d’offres. Les entreprises candidates peinent à répondre aux exigences de garantie financière, notamment le dépôt de 53 millions de FCFA auprès de la Caisse des dépôts et consignations. À Maroua et Sangmélima, les projets sont considérés comme matures, mais leur réalisation dépendra de la mobilisation de partenaires supplémentaires.

Au-delà de la construction de nouveaux logements, la SIC envisageait également la réhabilitation d’un parc immobilier dégradé à Douala, Buéa, Garoua et Maroua, où le taux de vétusté atteint 60 %. Mais là encore, les moyens financiers font défaut.

Avec un coût unitaire dépassant 150 millions de FCFA, la viabilité sociale du projet reste incertaine. Pour rentabiliser l’investissement, les loyers devraient excéder 250 000 FCFA par mois, un niveau élevé pour la population cible. Créée en 1952, la SIC n’a construit que 11 000 logements en 70 ans, alors que le déficit national est estimé à 2,5 millions d’unités. La réussite de ce programme apparaît donc comme un enjeu majeur pour répondre aux besoins en logement des Camerounais.