Afrique de l’Ouest : Plus de 3 milliards USD dépensés chaque année pour de la viande importée

Malgré un cheptel abondant, l’Afrique de l’Ouest continue d’importer chaque année plus de 3 milliards de dollars de viande, parfois en provenance de pays aussi éloignés que l’Australie. Cette situation, jugée absurde par plusieurs spécialistes du commerce africain, traduit une faible intégration économique régionale.
Par Dorcas Davier AHOUANGAN
Ce lundi 30 juin 2025 à Lagos, Kanayo Awani a lancé un appel fort. La vice-présidente d’Afreximbank, chargée du commerce intra-africain, dénonce une mauvaise orientation des échanges africains. Elle affirme que le continent a longtemps fonctionné pour servir les marchés extérieurs. Les machines viennent d’Europe, les vêtements d’Asie et les aliments des Amériques. Pendant ce temps, les ressources locales sont négligées.
Elle donne des exemples parlants : un cordonnier au Ghana importe son cuir depuis l’Argentine, alors que le Nigeria, l’Éthiopie et le Burundi disposent de peaux en abondance. Des supermarchés au Sénégal vendent du lait européen alors que l’Afrique de l’Est excelle dans ce domaine.
Pour Kanayo Awani, il faut changer de cap. Elle appelle à une refonte des politiques économiques. Le commerce entre pays africains ne doit plus rester une utopie. Il devient vital pour la survie et la croissance du continent. Elle plaide pour la création de chaînes de valeur régionales. Cela renforcerait la production locale et la compétitivité des entreprises.
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), notamment à travers la Foire commerciale intra-africaine, offre une opportunité que les Africains doivent saisir. Depuis sa création, plus de 100 milliards de dollars de contrats y ont été signés. En 2023, les entreprises nigérianes ont à elles seules conclu pour 11 milliards de dollars d’accords.
Nonye Ayeni, directrice du Nigerian Export Promotion Council (NEPC), abonde dans le même sens. Selon elle, le commerce entre pays africains reste faible et représente à peine 15 % des échanges du continent. En comparaison, l’Europe dépasse les 60 %. Pour améliorer la situation, elle propose une stratégie ciblée reposant sur 20 produits prioritaires et cinq marchés essentiels. Elle recommande aussi un meilleur encadrement du commerce informel entre pays voisins.
Elle salue, par ailleurs, une récente décision monétaire faisant du franc CFA une monnaie de rapatriement entre le Nigeria et les pays francophones voisins. Une avancée importante pour faciliter les échanges et renforcer l’intégration régionale.